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La Légende du Saphir Loum

La Légende du Saphir Loum, par Manon, le 11 décembre 2002.

Chapitre 1

Demeure de Lara, 9h05 :

Lara, assise dans son fauteuil en peau de panthère, au premier étage de sa luxueuse demeure victorienne, faisait sa lecture matinale; la jeune femme lisait attentivement, une lueur de passion scintillant dans ses yeux, un gros volume ancien recouvert de velours rouge à la reliure cousue de fils d'or. Cet ouvrage ancestral des époques passées racontait la fabuleuse Légende du Saphir Loum, soi-disant enfoui au coeur de la forêt amazonienne, dans les décombres d'un temple construit par le peuple Loum. Ce cristal archaïque aurait été donné par un dieu à tête de loup, souhaitant faire une offrande généreuse au peuple Loum qui avait accompli un mystérieux exploit surhumain. Lara, décidée, se leva de son fauteuil et rangea l'incunable dans la bibliothèque. Elle descendit en hâte les escaliers et passa en courant devant Winston, son serveur, étonné. Celui-ci regarda son plateau et constata avec stupéfaction que la tasse de thé qu'il venait de préparer et qui s'apprêtait à être remise à Lara, avait disparu. La jeune femme, après avoir but son thé à grandes gorgées, prit une rapide douche, enfila un short vert pistache et un bustier blanc, installa ses pistolets dans leurs encoches dont elle venait d'attacher les lanières en cuir noir autour de ses cuisses, chaussa des bottes noires et se coiffa lestement : elle se fit ce jour là une longue queue de cheval surélevée et prépara son sac. Winston survint dans la salle de bain en prenant soin de savoir si Lara n'était pas dans sa douche, et demanda :
"Miss Croft, où allez-vous ?
-Je vais en Amérique du Sud, Winston ! répondit celle-ci. Je veux être la première à percer le secret de la Légende du Saphir Loum.
-Très bien, Miss Croft, dit son serveur. Je garderais la maison pendant votre absence.
-Voici une arme, au cas où ! ajouta Lara en lui envoyant un gun de secours.
-Merci et à bientôt ! cria Winston à la jeune femme qui venait de franchir le gigantesque portail noir de la demeure.
-Au revoir, Winston ! lui répondit celle-ci en s'enfuyant vers le lointain.

Chapitre 2

Une demi-heure plus tard, Lara était assise sur un confortable siège d'avion : elle admirait le paysage ou tentait d'en savoir encore davantage sur le fameux diamant. Soudain, pendant qu'elle était en train de rêver un peu devant le somptueux paysage amazonien qui s'étendait maintenant sous ses yeux, elle surprit une conversation suspecte sur les sièges devant elle :
"Alors, nous sommes d'accord : demain, à huit heures précises, nous quitterons l'hôtel et nous repartirons pour ramener le trésor au patron.
-D'accord ! "
Puis la voix devint un murmure à peine audible :
"Il ne faudrait surtout pas que quelqu'un soit au courant de cette affaire ! Surtout cette femme ! Comment s'appelle-t-elle déjà ?
-Lara Croft ! C'est une célèbre archéologue !
-Oui, c'est cela ! Il ne faudrait surtout pas qu'elle mette le nez dans tout ceci, compris ?
-T'en fais pas ! "
La conversation s'arrêta là, les deux individus préférant se taire de crainte que quelqu'un ne surprenne leur projet machiavélique. Lara se dit :
"Zut, j'ai l'impression que je ne suis pas la seule à rechercher ce cristal et, pour couronner le tout, ces deux hommes ne vont pas être mes amis. "
Lorsque Lara eut fini de siroter son jus de fruits exotique, l'avion se posa en douceur à l'aéroport. En sortant prudemment de l'appareil, la jeune femme aperçut les deux hommes se diriger d'un pas rapide vers la dense forêt amazonienne bordant le tarmac. L'intrépide aventurière les suivit subrepticement en foulée accélérée, n'ayant aucun mal à se faufiler entre la foule impatientée de faire les retrouvailles. Les deux individus s'engouffrèrent dans l'immense étendue boisée à l'aide d'une jeep; Lara fit de même en empruntant le deuxième véhicule militaire aux couleurs forestières de camouflage, garé devant une cabane de bois construite à la lisière de la forêt. Elle mit ses lunettes de soleil dans un geste prompt, installa son portable indiquant le plan de la forêt amazonienne qu'elle avait pris soin d'y transférer avant son voyage, et disposa sur le tableau de bord un épais guide broché des forêts d'Amérique du Sud. La jeune femme démarra en trombe afin d'essayer de rattraper les comploteurs. Elle s'engouffra à son tour dans l'immense jungle tropicale.

Chapitre 3

Les grosses branches craquaient sur son passage et elle baissait la tête afin d'éviter celles qui lui arrivaient à hauteur de visage; les grandes feuilles verdoyantes lui brouillaient la vue et elle devaient les écarter d'un geste large ainsi que les rameaux nus. Conduisant d'une main et défrichant de l'autre l'étouffante végétation, elle roulait à l'aveuglette, espérant déboucher sur un chemin connu du Guide ou du moins plus commode. Les pneus de la jeep bondissaient sur la terre sèche, soulevant des tourbillons de poussière et des nuées de brindilles et de branchages. Soudain, Lara déboucha dans une vaste clairière : une fine couche de feuillage aplatie laissait passer par ses trous de fines raies de lumières projetant leur clairs halos sur la façade blanc cassé d'un vétuste temple à demi en ruine dont les piliers anciens s'ébranlaient; parmi ces décombres, des plantes tropicales envahissaient peu à peu les pierres cannelées et des pieds de fougères vert tendre resplendissaient de part et d'autre de la clairière. Lara, ayant quitté la jeep, avançait lentement, bouche bée par l'infinie beauté de l'endroit sauvage. Tout à coup, lorsqu'elle s'approcha du temple à demi ébranlé, la jeune femme entendit les mêmes voix que celles des deux hommes dans l'avion; notre héroïne, qui avait l'oreille fine, distingua des bribes de phrases :
"Regarde, il est magnifique !
-Vas-y, prends-le, nous découvrirons son pouvoir mystique avec les observations du patron, car ce diamant en a sûrement un !
-Allez, on s'empare de cette merveille et on se tire !
-D'accord ! "
Lara se plaqua contre la façade du côté gauche du temple, ses mains effleurant ses pistolets étincelants dans leurs encoches; la jeune femme, à l'affût de la sortie des deux bonhommes du temple, pencha la tête sur le côté et les vit sortir tranquillement du monument sacré, l'un d'eux serrant précieusement le superbe cristal entre ses mains : son compagnon était un homme à peu près de la même taille que lui; les deux compères se ressemblait étrangement : tous deux étaient grands et musculeux, leur larges épaules renforçant leur imposante silhouette, le visage malsain aux traits brutaux. Ils portaient un long pantalon noir et une veste de la même couleur aux éclats de jais, venant combler leur allure ténébreuse. Cela ne découragea pas pour autant notre intuitive protagoniste qui attendit un peu que les deux voyous apparaissent dans le nouveau champ de vision qu'elle s'était fixé, et lut dans leur dos l'insigne: "Alfred Bartoli". La jeune femme avança silencieusement à pas feutrés et, telle une louve discrète, bondit sur l'homme qu'elle estimait malgré tout le plus petit en taille. Celui-ci fit instinctivement un bond en arrière et Lara lui enserra immédiatement le cou de son bras puis, dégainant l'un de ses deux pistolets, en pointa le canon sur sa tempe. L'autre homme posa le saphir par terre et pâlit en regardant la jeune femme d'un air terrifié et stupéfait. L'homme que Lara tenait en joue et qui se trouvait en plus mauvaise posture, eut soudain le teint aussi livide que son collègue. L'aventurière rejeta d'un geste de tête une mèche de cheveux bruns qui lui tombait sur le front et prit la parole :
"Que comptez-vous faire du plus précieux trésor que n'aie jamais possédé le Peuple Loum ? L'utiliser pour dominer le monde, je présume ? Ou bien pour accomplir encore un de vos desseins machiavéliques, secte diabolique que vous formez avec le frère de mon pire ennemi, Marco Bartoli ! Sans oublier sa femme Jacqueline Natla !"
Lorsque Lara eut fini de parler, aucun des deux hommes n'osa reprendre la parole; tous deux étaient pétrifiés d'une peur qui leur nouait l'estomac. Comme aucun des deux comploteurs ne répondit, Lara reprit la parole :
"Rendez vous, de toutes façons, vous n'avez qu'une arme chacun et moi, j'ai un arsenal très complet ! Et si vous en voulez une petite démonstration, pas de problème !"
Lara avait remarqué, pendant le court instant qui avait précédé sa capture de l'homme de main, que ni l'un ni l'autre n'avait de sac à dos, ce qui n'était pas son cas à elle, ou autre besace. En revanche, chacun portait à sa ceinture un pauvre gun de poing ne servant qu'à un vil secours. L'homme qui n'était pas tenu en respect par Lara regarda quelque chose derrière elle, sourit ironiquement et dit :
"Tu as perdu, poulette !"
La jeune femme senti un coup brutalement fort sur sa nuque et, juste avant de s'évanouir, entendit :
"Transportez-la à la base secrète ! "

Chapitre 4

Lara ne savait pas combien de temps cela faisait que les gardes de la base l'avait ligotée : son corps était ficelée contre un mur froid et humide, et ses mains et ses pieds étaient enserrés par de résistantes cordelettes. En face d'elle se tenait un homme grand, plutôt beau, musculeux, d'une trentaine d'années, mais aux traits mesquins et au regard froid. La Britannique frissonna et reconnut aussitôt son interlocuteur : c'était Alfred Bartoli, elle avait vu son visage dans le journal. Comme celui-ci ne lui avait pas bâillonné la bouche, elle dit :
"C'est donc vous, le dirigeant de cette secte mafieuse !
-Oui, c'est moi, ma chère ! répondit dignement Alfred Bartoli.
-Vous êtes le frère de Marco Bartoli ! s'exclama Lara.
-Bien sûr, Miss ! répondit l'homme, étrangement poli.
-Pourquoi vouliez-vous voler le Saphir Loum ? " questionna furieusement la jeune femme, légèrement frustrée que l'on utilise le nom respectif et amical que lui donnait si souvent son serveur.
Pendant qu'elle parlait avec Bartoli, elle avait deviné que c'était les sbires de celui-ci qui avaient dû lui ligoter les mains, car elle avait testé la solidité de ses liens et les fines cordelettes avaient glissé le long de son corps, libérant ainsi ses mains. Mais elle les gardaient derrière son dos, essayant furtivement de couper les cordes qui lui enserrait le corps à l'aide de son couteau de poche dont elle frottait continuellement la lame contre les épaisses cordes. A ce moment là, Alfred dit :
"Voyez-vous, ma chère, j'ai l'intention de découvrir et d'utiliser le pouvoir mystique que renferme secrètement ce Saphir légendaire !
-Et...qu'allez vous faire de moi ? demanda plus paisiblement Lara, afin d'ouvrir plus largement la conversation et de faire diversion pendant qu'elle était occupée à rompre ses liens.
-Cela dépend de votre intention à vous, ma chère, répondit toujours aussi calmement Bartoli de sa voix traînante. Soit vous acceptez de devenir ma femme et de partager avec moi le pouvoir du Saphir, ou bien..."
Trois cordes tombèrent discrètement sur le sol sans que celui-ci ne le remarque.
"Ou bien ? appuya la jeune femme.
-Ou bien je gardes le pouvoir pour moi et nous vous renvoyons chez vous, que vous le vouliez ou non, " conclut-il.
Un moment de silence s'ensuivit, pendant lequel la Britannique n'arrêta pas de sourire malicieusement.
"Réfléchissez, ma belle, poursuivit l'homme modeste, vous aurez le pouvoir avec moi, et je vous aurais pour femme.
-Plus d'avantages reviennent à vous, " murmura calmement Lara.
Trois nouvelles cordes tombèrent silencieusement et si discrètement encore que Bartoli ne s'en aperçut pas à nouveau.
"Mais c'est cela oui, je vais réfléchir, reprit la jeune femme dans un murmure.
-Très bien, " répondit Alfred.
Mais il ne quitta pas la pièce, il resta là, en extase, à contempler cette "somptueuse femme", avait-il confié à ses gardes, cette "beauté fatale". Mais Lara ne sava it pas que de si flatteuses louanges s'adressaient à elle. Elle lâcha habilement son poignard derrière son dos : la lame tranchante l'effleura sans la moindre égratignure et coupa net les trois cordes restantes lui enserrant les pieds. Elle bondit sur ses jambes, s'ébroua avec vivacité et atterrit en trois bonds de chat auprès de Bartoli; celui-ci, plongé dans sa rêverie, eut un sursaut de surprise. Lara était légèrement tombé depuis le début sous le charme du frère de Marco, alors que celui-ci était assommé sous le charme de la Britannique. L'intrépide aventurière lui murmura à l'oreille :
"Je serais votre femme quand vous cesserez de faire des bêtises ! "
Elle prit son arme, souffla sur sa main pour lui envoyer un baiser de taquinerie et partit en une course effrénée dans les couloirs de la base.

Chapitre 5

Peu de temps après, Lara se retrouva dans un couloir du deuxième étage : elle y entendit à son extrémité opposée un bruit de pas réguliers; la jeune femme se tapi dans un recoin sombre ; elle s'allongea de tout son corps fuselé dans le filet d'obscurité et se serra contre le mur. Le garde habillé d'un jean beige et d'un T-shirt noir marqué "Alfred Bartoli" passa juste à côté d'elle à l'effleurer, mais sans la voir; au moment où le garde dépassait sa cheville, elle tendit sa jambe et lui fit un croche-pied : le garde s'étala de tout son long sur le sol et Lara en profita pour bondir de sa cachette et s'assit sur son dos. Ne laissant pas le temps à l'homme de réagir, elle mit délicatement sa main sur sa bouche, tira sa matraque accrochée à sa ceinture et l'assoma avec. L'homme perdit immédiatement conscience après ce coup bien placé et s'évanoui silencieusement.
"Cela m'évitera d'alarmer les gardes alentour, " pensa la jeune femme.
Elle passa le troisième étage sans difficulté mais dans le quatrième patrouillait cinq gardes; ils opéraient dans un mouvement permanent et, ici, même une technique d'esquive des plus sophistiquées était impossible. Pour couronner le tout, une caméra effectuait inlassablement des rotations régulières, dans un grésillement monotone. Notre heroïne était très persévérante, très intelligente, et ne se laissait pas facilement avoir. Elle réfléchit pendant un laps de temps et trouva en cinq minutes une solution adéquate; pour effectuer cette ingénieuse man¦uvre, il lui fallait déjà éliminer les trois premiers gardes : elle s'approcha fugitivement de l'angle du mur et dégaina son Desert Eagle. Visant à l'aide de l'infra rouge installé sur son pointeur, elle tira une balle dans la caméra; l'écran de verre émeraude translucide se brisa et des morceaux de verre volèrent en éclat. En effet, comme elle l'avait prévu, trois des cinq gardes vigiles se précipitèrent dans sa direction, cherchant la provenance du coup de feu. Lara repéra en un éclair des tuyaux grisâtres accrochés au plafond et sauta à la verticale : tel un ressort extraordinaire, ses mains saisirent la structure de ferraille et elle releva son corps avec souplesse, accrochant ses pieds aussi. Elle s'installa ensuite en cochon pendu et elle vit en cet instant précis les trois gardes courant en un trio déployé en dessous d'elle. Prenant bien soin de savoir si les vigiles hargneux étaient passés, elle se lâcha, atterrit fermement et sans encombre sur ses deux pieds :
"C'est comme les piranhas, il faut bien vérifier qu'ils viennent de passer, et vous en serez débarassé ! " se dit la jeune femme qui en avait vu d'autres.
Elle retourna ensuite à l'angle assombri et murmura inaudiblement :
"Bon, maintenant, plus de rigolade ! Il va falloir jouer serré ! "
Elle attendit que le deuxième garde tourne le dos puis disparaisse au tournant et fit deux prestes roulades. Elle sauta face au mur et ses mains saisirent un échelon. Elle sourit. La Britannique grimpa hâtivement les barreaux de l'échelle nouvellement découverte; à la fin de la mise au point de son plan, elle avait eu un doute concernant cette échelle qu'elle semblait avoir aperçut mais maintenant, ses craintes étaient apaisées. Elle leva la tête et vit un cercle de lumière dorée à un mètre au dessus d'elle. Lara émergea sur la terrasse Sud : la forêt amazonienne s'étendait devant ses yeux, bordant l'aéroport visible à l'horizon; un liserai rougeoyant ourlait le dessus de l'immense étendue boisée et dans le ciel vermilloné se découpait des nuages carmins. La jeune femme ne put s'empêcher de prendre quelques photos et eut un instant de rêverie profonde devant ce payasage chatoyant de couleurs irisées de pourpre satiné. Puis, elle se ressaisit, rangea son appareil photo et leva à nouveau les yeux : les pales d'un ventilateur tournaient dans un souffle frais et bourdonnant, l'hélice étant placée devant une grille de conduit d'aération menant, d'après les calculs de la protagoniste, au cinquième et dernier étage de la base. Sans hésitation, elle détacha sa ceinture de cuir noir et la lança dans le ventilateur qui s'arrêta peu à peu dans un grincement sonore accompagné d'une giboulée d'étincelles. La jeune femme visa avec ses uzis la série de boulons métalliques enfoncés généreusement en haut et en bas de la grille de fer; les armes à la puissance de tir fénoménale crépitèrent d'une gerbe de cartouches destructrices qui firent sauter un à un les boulons pourtant résistants. L'hélice, emportée par l'onde de choc dévastatrice, sauta en même temps. La Britannique prit son élan et bondit tel une panthère puis se rétablit en souplesse, ses mains agrippant le bord du conduit encore chaud et noirci. Au moment où une nouvelle troupe d'élites arriva sur la terrasse où elle était 3 secondes auparavant, elle fit quatre roulades dans le tunnel obscur et fut ainsi hors de leur éventuelle portée de tir. Lara alluma une torche et rampa précautionneusement dans le conduit d'aération; sa torche qui brillait d'une vive lueur rouge éclairant distinctement le boyau assombri, la réchauffait en même temps d'une tiédeur bienfaisante, car celui-ci était humide. Quelques minutes plus tard, l'aventurière ne s'étaient pas trompée : elle aboutit à une nouvelle grille de feraille apparement beaucoup moins solide, en face de laquelle elle pouvait distinguer de ses yeux de lynx, une pancarte blanche qui portait l'inscription "Cinquième étage". Notre héroïne s'approcha sans un bruit de la grille et, lorsqu'elle se fut assuré que le garde qui patrouillait dans ce secteur venait de passer, elle donna un fort coup de pied sous lequel les barreaux cédèrent. Lara émergea du conduit d'aération et fila se cacher derrière une plante verte; la jeune femme était si menue que pas un bout de tissu ne dépassait de derrière la plante. Lorsqu'elle eut observé et enregistré le mouvement de ronde des gardes, ce qui ne lui prit que quelques secondes, elle se faufila derrière une vitre de verre par une ouverture à hauteur de cheville, et se cacha dans un placard : lorsque le garde passa, elle ouvrit brusquement la porte de bois et le vigile fut assomé. Elle referma ensuite et laissa passer trois gardes affolés. L'intrépide jeune femme s'était déjà débarrassée de quatre gardes; pour le cinquième, elle arriva en catimini derrière lui, dégaina l'un de ses pistolets et l'assoma lui aussi avec la crosse. Lara décida d'explorer le cinquième étage en toute liberté et trouva une porte; elle l'ouvrit : c'était un autre placard. La seconde était celle donnant sur les toilettes. Il ne restait maintenant plus que deux portes en vue avant la sortie : l'une ne s'ouvrait qu'au moyen d'un code ou d'une carte magnétique, et l'autre était une porte cuivrée, vernie, ou était suspendue à hauteur de tête une plaquette d'or marqué "Bureau secondaire de Mr. Alfred Bartoli ". Lara entra prudemment et se trouva nez-à-nez avec la secrétaire.

Chapitre 6

La Britannique tenta quelque chose :
"Bonjour, dit-elle d'un ton innocent. Je suis une amie de Mr. Bartoli et il m'a confié le code de cette porte pour que je puisses aller admirer la merveille qu'il a réussi à se procurer, inventa-t-elle. Mais, quelle sotte, j'ai oublié le code de la porte. Je pensais qu'il était dans son Bureau secondaire pour me le rappeler. Vous ne le connaissez pas, vous, par hasard ? "
Comme la secrétaire du bureau secondaire de Bartoli était extrêmement naïve, chance pour Lara, elle lui donna le code "3336984" et la jeune femme put entrer dans la pièce : une salle aux murs brillant de blafards éclats bleutés, dont l'unique fenêtre masqué d'un épais rideau azur délavé, laissait passer une lumière tamisée. Au milieu trônait une cage en verre contenant le fameux Saphir Loum reposant paisiblement sur un coussin de satin rouge brodé de dentelle d'or. Lara, époustouflée, souleva la cage et receuillit la fabuleuse pierre précieuse dans la paume de sa main; elle s'apprêtait à la ranger dans son sac lorsqu'elle sentit un violent coup dans ses jambes qui fléchirent d'un seul coup sous le choc. Déséquilibrée, la jeune femme tomba et se retourna malgré tout; le précieux trésor roula un peu plus loin avec un bruit cristallin. Le garde de cette chambre forte se tenait devant elle, résolument campé sur ses jambes robustes. Lara vit ses jambes lorsqu'elle releva la tête, ce fut d'ailleurs la première chose qu'elle vit d'abord. Le brutal homme lui aussi ayant une forte musculature, s'apprêtait à donner un second coup de sa matraque cette fois sur la tête de l'aventurière lorsque celle-ci la releva légèrement et eut une brillante idée : elle pivota sur le sol glissant, fit une roulade arrière et décocha un coup de poing à l'endroit le plus qualifié pour ce type d'attaque. Le garde se courba en deux et notre héroïne sortit son M16 dont elle pointa immédiatement l'énorme cannelure à la carcasse qu'elle avait passé tant de temps à lustrer qu'elle luisait maintenant de forts éclats d'un noir de jais. L'ennemi qui n'avait pour tout arme qu'un pauvre flingue à deux sous devint d'une pâleur de terreur mêlée d'un vert de surprise et d'horreur. Voyant le teint du garde, Lara eut un petit rire, lui fit un clin d'oeil moqueur puis dit malicieusement mais très sérieusement :
"Sauve-toi vite ! "
L'homme à la carrure pourtant si impressionnante ne perdit pas une seconde et s'enfuit à toutes jambes sans demander son reste. L'impavide jeune femme, qui n'avait pas sorti son M16 pour rien, visa le plafond bleuté avec précision, tira une rafale fulgurante qui cribla le plafond et l'illumina de brefs éclats jaunes et orangés. Un cercle de pierre parfait tomba lourdement sur le sol de la chambre-forte, soulevant à son atterrissage un tourbillon de nuées grisâtres. Lara lança son grappin à traction électronique et se hissa hors du trou poussiéreux : le magnifique spectacle du coucher de soleil sur la forêt amazonienne s'offrit à nouveau à ses yeux; la Britannique s'épousseta légèrement et sruta l'ample surface du toit de la base à l'aide de ses jumelles infra-rouge à décodage d'identité informatisé, à la recherche d'un éventuel hélicoptère de secours. Tout à coup, elle tomba nez-à-nez, par les loupes de ses jumelles, avec l'horrible visage d'un vigoureux vigile à l'ossature fortement puissante qui lui dessinait une silhouette virile dans la lueur rougeoyante du crépuscule.

Chapitre 7

L'affreux et massif vigile au visage arborant déjà des traits déformé par la haine, ne réserva pas un très chaleureux acceuil à l'aventurière : il décrocha son fusil à canon scié de son dos volumineux, d'où l'épaisse bandoulière de cuir solidement harnachée en travers de son torse opulent. A son plus grand effarement, la belle brune sortit une arme aussi peu satisfaisante à son goût que la sienne : un fusil d'assaut ! Le vigile fut d'abord très surpris et ne réagissait pas, donc Lara lui livra une véritable bataille visuelle : elle déploya tout son arsenal au grand complet, multipliant au fur et à mesure l'ahurissement du gros bonhomme; elle sortit tout d'abord ses pistolets fétiches, puis ensuite fusil à pompe, fusil à canon scié, pistolets automatiques, fusil harpon, uzis, M16, Desert Eagle, MP5, et, pour amorcer le clou du spectacle, exiba lance grenades puis lance roquettes. Le vigile, après avoir fixé longuement toute l'artillerie de Lara, devint d'une pâleur laiteuse. La jeune femme sortit un de ses deux pistolets jumeaux qu'elle aimait le plus parmi la paire et le vigile n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Rituellement, assidûment, elle redressa son arme argentée recouverte en sa base de fourrure de panthère des neiges, et souffla sur l'embouchure du canon pour dissiper la légère fumée qui en émanait. Lara s'assit ensuite sur le bord du toit, balançant machinalement une jambe dans le vide, sortit de son sac une barre de céréales aux framboises et croqua dedans à belles dents. Lorsqu'elle eut terminé sa rapide pause casse-croûte, elle reprit sa recherche à jumelles. Soudain, son objectif se braqua sur un hélicoptère de secours doté de puissantes pales mordorées et de flaps permettant à l'engin d'aller sur l'eau. Sauvée ! D'autres gardes arrivaient déjà par une échelle clandestinement installé afin de la rejoindre rapidement avant qu'elle ne s'enfuit. La jeune femme jeta un furtif coup d'oeil en arrière et aperçut la troupe d'élite la montrant du doigt et donner l'ordre d'assaut. La Britannique regarda l'hélico d'un air décidé; pour traverser le vaste toit à la surface immense, il fallait beaucoup de souffle afin de réussir cette traversée d'un seul coup. Elle prit une longue inspiration et s'élança : à présent, tout se jouait sur la force de ses jambes. Les gardes haineux était sur ses talons, elle sentait derrière elle leur respiration haletante, alors que la sienne devenait de plus en plus saccadée; elle forçait de plus en plus ses jambes à courir, avait déjà un point de côté mais savait qu'elle devait atteindre son but. Les gardes se rapprochaient, et elle faiblissait...Mais elle se rapprochait de l'hélicoptère, et elle sentait derrière son dos que les gardes étaient de plus en plus furieux, il fallait à tout prix qu'elle accélère...A la drenière foulée lui restant à faire, elle piqua un sprint au prix d'incroyables efforts. Elle fit un bond faible de tout le ressort qui lui restait dans les jambes. Les gardes, épuisés, avaient abandonnés lorsqu'ils l'avaient vu monter dans l'hélico. Elle s'effondra sur la tôle de ferraille, saisit vainement une grande trousse de secours puis en puisa enfin les soins bienfaisants et bien mérités. Elle s'installa aux commandes de la machine volante, mit seulement quelques succinctes secondes à comprendre comment marchait les divers boutons et mannettes de l'appareil sophistiqué et s'envola gracieusement vers le ciel arborant maintenant un bleu marine profond, mystérieux, où scintillaient blafardement quelques étoiles. Alfred Bartoli, par une large fenêtre de la base tintée des reflets de la lune, voyait s'envoler l'amour de sa vie.

Chapitre 8

De nombreuses heures plus tard, Lara était paisiblement assise dans la Salle des Trophées, dans un magnifique fauteuil de cuir brun, les pieds croisés sur la table basse en verre étincelant posée sur une peau d'Ours des Pyrénées, et repensait à son aventure en essayant d'en détailler le mieux possible le récit qu'elle écrivait dans son Carnet d'Aventures. Puis, lorsqu'elle eut fini, elle tourna avec satisfaction la tête vers la cage de verre vide dans laquelle elle exposait habituellement la nouvelle relique qu'elle avait acquise au cours de son nouveau périple. Elle savait qu'elle devait laisser le Saphir Loum à son peuple, ayant elle-même héritée la loyauté de son père. L'honnête jeune femme avait laissé le cristal dans le temple, à l'abri sûr de toute les convoitises. Puis elle tourna la tête vers le feu crépitant ardemment dans sa cheminée, diffusant les éclats incandescents orangé vif des flammes dansantes sur le sol de marbre gris et vert. A la lueur de ce feu vivace, elle rêva et repensa à Alfred Bartoli.

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