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Mémoire(s)

Mémoire(s), Chapitre 7, par Clara, le 23 juin 2004.

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Chapitre 7 : Recherches

Quelques secondes plus tôt, j'étais à Edfou. Un temple entier s'était écroulé sur moi. Le sol s'était dérobé et l'ombre de Werner avait reculé, s'était enfuie. Il m'avait abandonnée sans se retourner. J'étais tombée et tombée encore. Le choc de la chute à couper le souffle, la douleur quand les pierres commençaient à pleuvoir. Un bloc m'avait écrasé la main, m'immobilisant le poignet. Le corps inerte et les membres apparemment rompus, j'avais remué un doigt, deux, une main. J'étais vivante. Mais pour combien de temps ? Un peu au-dessus, un rai de lumière perçait les ténèbres. De la main, j'avais voulu agrandir le trou, ne réussissant qu'à faire s'écrouler davantage de blocs. L'obscurité totale m'avait engloutie, et je m'étais retrouvée seule à respirer dans le noir le plus complet. Seule avec la mort. Je réprimais difficilement le sanglot qui me brûlait la gorge en pensant...
- Mon nom est Lara Croft. Maintenant je vais mourir. Et certaines choses que je sais doivent demeurer enfouies à jamais.
J'ai pensé au Livre, au Grimoire de Lucifer, à la Porte du Nord. Tout n'était peut-être pas perdu pour moi. Puis j'ai pensé « A quoi bon ? ». La mort était là, froide, incorruptible, inexorable.

Les pierres avaient bougé. Rien que la douleur cuisante dans mon bras droit m'indiquait que quelque chose changeait : jusqu'ici je ne sentais rien. Cette chaleur... semblait provenir du soleil. Mes paupières étaient lourdes, et demeuraient closes. Je me sentis soulevée en l'air par des bras puissants, perçus des chants au loin. C'était étrange. Je ne ressentais soudain plus rien, je percevais. Deux hommes, un jeune- le plus fort - et un vieux - celui qui savait - dont je percevais la présence. Un fleuve aussi, une eau claire et courante, qui coulait entre deux falaises pour réintégrer le ventre de la terre. Le monde réel, le temps d'un rêve. Avais-je seulement vraiment vu Jane, Winston, mon manoir ? Le bruit d'une conque, la perception de l'eau qui m'emportait, les voeux formulés dans une langue inconnue. Etais-je chargée d'une mission ? Ma barque de fortune avait glissé sur les flots avant de s'enfoncer dans les ténèbres glauques. A vive allure, j'avançais dans un air de plus en plus froid et sombre. J'essayai d'entrouvrir les yeux et de remuer la tête, mais tout sembla basculer autour de moi.
-Note pour plus tard : ne plus jamais bouger...
Je soupirai et les côtes me brûlèrent, roulai des épaules, sentis mon dos craquer, levai les mains et comptai les écorchures tout le long de mes bras : huit blessures ouvertes, plus ma main qui faisait un angle bizarre. Je soulevai un pied puis l'autre et réveillai une douleur qui me fit hurler. C'était plutôt rassurant : mes réflexes moteurs étaient intacts ; mais je devais avoir une cheville cassée. La douleur finit par se calmer, me laissant tremblante et nauséeuse. Sentant venir le noir qui m'engloutit à nouveau, je retombai dans l'inconscience. Je me réveillai bien plus tard en grimaçant.
- Note pour plus tard : jamais veut vraiment dire jamais.
Ca m'avançait bien de frimer. Tentant de repérer des indices sur l'endroit où je me trouvais, je levai les yeux. Une grotte. Le plafond, bien plus haut, était tout juste visible. Une lumière diffuse m'entourait, mais impossible d'en identifier la provenance. Il faisait froid, tellement froid... Quelque chose d'étrange se produisit : la barque s'arrêta. En douceur, comme si on l'avait freinée. Tentant le tout pour le tout, je m'appuyai sur les coudes, mais un éclair de douleur m'obscurcit la vue, et je me sentis retomber sur le flanc, la douleur s'estompant lentement. Je levai le bras droit et saisit le bord de la conque en me tirant d'une main, tandis que je protégeais mon poignet fragilisé contre ma poitrine. Je pouvais y arriver.

- Chemisky !
Le petit homme moustachu rentra la tête dans les épaules. La main sur la porte des appartements du Maître, il n'osait se retourner. Il ne voulait pas affronter ce regard de dément. Une main lourde se posa sur son épaule, une autre lui ôta le grimoire des mains.
- Vous allez me laisser ceci et rejoindre l'équipe des Français. Vous travaillerez avec eux sur la cartographie, car nos amis mangeurs de grenouilles « pédalent » un peu, comme ils disent. Je suis sûr et certain que vous pourrez leur être très utile. Je m'occuperai de l'aspect rituel personnellement.
Avec la sensation d'avoir frôlé la mort de très près, Chemisky s'éclipsa et rejoignit les cartographes français.
Dans son bureau, le Maître ouvrit le Grimoire de Lucifer au chapitre des Portes.
- Voyons ce que notre vagabond nous raconte...
Odus avait décompté sept portes sur la terre, une sur chaque continent. Le continent perdu avait été englouti depuis longtemps, la porte d'Outre-mer (en Amérique d'après Chemisky), avait été repérée au centre d'une zone militaire, de même que la porte de Glace en Antarctique. La porte d'Orient devait se trouver quelque part en Chine et n'avait jamais été découverte, et celle de l'Océan avait disparu lorsqu'un atoll avait sombré, au large de la Nouvelle-Zélande. Il en restait deux : la porte du Sud et la porte du Nord. Contre toute attente, la Porte du Sud avait été localisée non pas en Egypte, mais au-delà de la frontière kenyane. Ils étaient presque à même de localiser la porte du Nord, la toute première localisée par Odus, quelque part en Macédoine, où « les hommes ignorent la mer et ne mêlent jamais de sel aux aliments qu'ils mangent ». La description du voyageur restait assez vague, et le Maître avait du cuisiner Chemisky. D'autres avaient mentionné cette porte. Longtemps cette phrase était demeurée obscure. Les recherches du scientifique l'avaient amené à découvrir qu'Odus s'était servi d'une citation d'Homère. Odus parlait de la Crimée, patrie des Cimmériens. L'endroit où Ulysse avait réussi à ouvrir une porte sur les Enfers, d'après l'Odyssée. La Crimée... en Bulgarie ou en Roumanie. Dans un endroit désert et oublié de tous. Il ne leur restait plus qu'à déterminer où exactement se trouvait la porte, et à en réunir les quatre clés. Ils devaient aussi s'assurer que les autres portes étaient inaccessibles. Ce dont il allait s'occuper dès à présent. Avec un sentiment de victoire grandissant, l'Excellence décrocha son téléphone.

- Du grec, tu dis ?
- Une forme de grec ancien... écoutez, ça ressemble à la langue moderne, vous ne trouvez pas ?
Sheridan s'accroupit. Même dans cette position, il était plus grand que les deux bonshommes.
- Si, si, bien sûr... ça ressemble un peu à un mélange de japonais et d'esperanto... Croft, sérieusement, vous y pigez quoi ?
Les deux créatures se balançaient d'avant en arrière, un chant entêtant sortant de leur bouche - si on pouvait qualifier de bouche le trou béant qui s'ouvrait au bas de leur tête. Deux bourrelets de chair leur descendaient sur les yeux, les empêchant sans doute de voir. Sheridan recula. Il ne pouvait pas croire que c'étaient des hommes. Il avait vu des horreurs dans sa vie, avait servi dans les Forces Spéciales en Irak, avait été mercenaire pour les plus gros bonnets du monde. Les triades chinoises n'avaient plus de secrets pour lui, et il avait roulé sa bosse un peu partout. Il avait vu des gens torturés, mutilés. Mais ça, non, il ne pouvait pas... il détourna le regard avec dégoût et s'éloigna en grattant une torche. Ils se trouvaient dans une minuscule chapelle, dont les murs étaient décorés d'anciennes fresques aux couleurs vives. Le passage par lequel ils s'étaient glissés était dissimulé par un autel de pierre brute. Une double porte barrait l'entrée de la chapelle. C'était la seule issue.
Jane avait vu la porte, mais quelque chose la poussait à écouter ces petits hommes. Ils avaient un message à transmettre, ils avaient attendu des centaines d'années pour cela. Elle s'assit devant eux en tailleur, et écouta leur chant qu'elle entreprit de traduire.
-...ce sont...des gardiens...les gardiens de la clé... ils sont ici... pour l'éternité...
- Pas très folichon comme vie...
- Un peu de respect !... leur peuple est le peuple des gardiens...
- Impressionnant pour des nains de jardin ! Bon, la ceinture, Croft, vous y pensez ? Non, parce que cette porte, là devant, pourrait nous y mener tout droit.
- Taisez-vous... gardiens des 4 clés... mais la clé dérobée...
- Dites vous m'écoutez ? On ferait mieux de dégager ! La clé... hey ! Redites ce que vous venez de dire ?!
- Vous allez la fermer ?! ... ils doivent prévenir...ceux qui ont été choisis...
Sheridan s'approcha plus près. Les deux êtres étaient trapus, minuscules, et leur chair blanche et flasque les rendait définitivement répugnants.
- Croft, il s'approche,çui-là !
La créature s'avançait en continuant à chanter, une main tendue vers Sheridan. Celui-ci, acculé par l'autel, ne pouvait s'éloigner davantage. Il regarda la main aux doigts trop longs.
- Cr...Croft, faire mumuse avec les trolls, c'est bon Blanche-Neige ! On a un musée à cambrioler je vous rappelle.
- ... près des gardiens de la colonne... non de la porte du Nord...et ceux qui ont été choisis suivront le chemin d'Ulysse et la formule de l'aède après avoir fait entrer dans le temple la ceinture de l'Amazone, le destrier de l'Aurige, le bouclier du guerrier et l'amulette du dieu...
- Hey ! Mais ce sont les mots exacts du journal !
- ... les 4 clés... et celui qui renaîtra referma...non, devra refermer la porte... pour l'éternité.
Les deux créatures cessèrent de chanter et reculèrent dans l'ombre. Avec hésitation, Sheridan avança sa torche. Les deux corps étaient effondrés, face contre terre. Tandis que Jane et Terry avançaient d'un même mouvement. Jane se pencha vers eux en tendant la main, mais sursauta avec un cri d'effroi : les corps difformes se rétractèrent, se décomposant à vue d'oeil. Les chairs se résorbèrent, devinrent blanches comme de la craie, puis se délièrent et s'effritèrent. Les deux tas de poussière furent bientôt balayés par une brise impalpable. Longtemps après qu'ils eurent disparu, Sheridan rompit le silence.
- Croft ?
- Les gardiens sont morts.
- J'ai vu. Nous avons une clé à ramasser, Croft.
- Ca n'en vaut plus la peine...
- Hein ? Pour quelle raison ?
- Vous ne voyez pas ce que cela signifie ?
- Pas vraiment...
- La ceinture n'est plus ici, ils viennent de le dire. La clé a été dérobée...

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