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Astrificum

Astrificum, Chapitre 6, par Pitoch, le 18 mars 2003.

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Chapitre 6

- Miss Croft ?

- Winston ? gémit Lara en remuant dans son lit. Quelle heure est-il ? J'ai fait un rêve bizarre...

Elle se sentait pâteuse, voire patraque, et avait du mal à ouvrir les yeux. Elle finit par y parvenir et se trouva dans un décor assez éloigné de sa luxueuse chambre du manoir Croft. Elle était dans une cellule. Voire une cave. Des murs nus, sales et recouverts de salpêtre. Lara avait les jambes allongées par terre, mais le haut du corps dans les bras d'un Indiana Jones penché sur elle.

- Désolé de vous ramener à la dure réalité, chère amie ! lui dit-il.

Lara se sentait étrangement calme et rassurée dans les bras de Jones. Elle leva les yeux sur lui et découvrit un visage tuméfié par les coups, et recouvert de sang séché par endroit.

- Très réussi... sourit-elle. C'est une oeuvre d'art ?

- Vous n'êtes pas spécialement belle à voir non plus, en ce moment, se défendit Jones en souriant.

Lara passa son bras autour du cou d'Indy pour prendre appui. Mais elle ne put se relever.

- Okay... Là, je panique... gémit-elle. Je ne sens plus mes jambes !

La porte s'ouvrit alors dans un grand fracas de verrous et de gonds mal huilés. Le colosse français entra et s'approcha d'eux.

- Rassurez-vous, mademoiselle Croft, dit-il. La paralysie de vos jambes est due à la drogue que ce butor vous a administré. L'effet n'est que temporaire.

Il se pencha, passa ses bras sous les jambes et le dos de Lara et la souleva comme une plume. Paralysée, elle ne put que se laisser faire, et constata de surcroît que Jones était solidement attaché au mur par de grosses chaînes.

- Où l'emmenez-vous ? s'inquiéta Jones.

- Chez M.Smith, répondit simplement l'armoire humaine.

- Chouette, ironisa Lara. Encore la machine à baffes ?

Le français haussa les épaules et sortit de la cellule, avec Lara dans les bras.

- Je tiens à m'excuser pour le comportement inadmissible de mon employeur, dit-il. Frapper une demoiselle aussi belle que vous, c'est un sacrilège.

- Vous me flattez...

L'air de rien, Lara nota mentalement l'environnement qui défilait devant elle. Un escalier pour sortir de la cave. Un hall d'entrée richement décoré. Une double porte. Et enfin un salon, avec plusieurs hommes de main en costume et parfaitement immobiles. Le français s'approcha d'un grand bureau, et déposa Lara sur une chaise en face de son tortionnaire.

- Mister Smith, je suppose ? dit-elle, prête au défi.

- Votre nom !

- Angelina, rétorqua Lara, en le regardant dans les yeux.

- J'ignorais que Jones avait les moyens de se payer une telle poule de luxe...

Lara serra les dents sous l'insulte, mais ne répondit pas.

- Je compte me servir de vous, Angelina. Jones semble tenir à vous. Syndrome " Pretty Woman ", sans doute.

- Je ne suis pas une prostituée, lâcha Lara, plus pour son moral et sa réputation que par réelle volonté de l'informer.

- Peu importe. Jones tient à vous, et c'est la seule chose qui compte. J'ai besoin de lui, de ses connaissances et de ses talents d'archéologue.

- Vous êtes mal parti, pour le convaincre ! Détruire sa maison, son bureau, le kidnapper... Pas la bonne méthode.

- Je n'ai pas le temps de lui offrir des trésors de diplomatie. J'ai donc une méthode très personnelle : il m'aide, ou vous mourrez.

- C'est simple, en effet, ironisa-t-elle.

- Ceci dit, j'ai appris de Beauchamp que vous étiez plutôt... efficace. Loin de la jeune fille terrorisée qu'on pourrait imaginer. Vous représentez donc un danger potentiel.

- C'est gentil, merci, mais je reconnais que j'ai du mal à résister aux gifles les mains attachées dans le dos...

- Donc, continua-t-il, ignorant l'interruption, je me suis permis de vous inoculer un virus très puissant. Sa période d'incubation est lente, et l'antidote est aussi rare que compliqué à fabriquer.

- Laissez-moi deviner. Vous ne me donnerez l'antidote que si Jones vous aide.

Smith se contenta de réunir ses doigts face à lui en souriant.

- Et vous cherchez quoi ? risqua-t-elle.

L'homme haussa un sourcil, et son air surpris n'augura rien de bon.

- Je suis moi-même archéologue, poursuivit-elle, plus stressée qu'elle n'aurait bien voulu le montrer.

Il ouvrit un dossier face à lui, et chaussa ses lunettes.

- Miss Lara Croft, née le 14 février 1967 à Timmonshire, dans le Surrey, en Angleterre. Archéologue plutôt aventurière. Connue dans le milieu sous le surnom de... Tomb Raider.

- Chouette, j'ai enfin trouvé mon biographe ! Un pourcentage des ventes, ça vous suffit ?

Smith se leva et contourna son bureau. Lara ne put s'empécher de se crisper.

- Avoir Henry Jones Junior et Lara Croft dans son équipe, quelle aubaine ! dit-il en s'asseyant sur le bord du grand bureau. Nous allons faire du bon travail ensemble, et je m'en félicite. Vous n'êtes plus mes prisonniers, vous êtes mes invités !

D'un mouvement de la tête, il congédia Lara. Toujours paralysée, elle attendit son " porteur ". Le colosse français – Beauchamp – ne tarda pas et la souleva sans effort. Ils sortirent du salon.

- La suite du programme ? demanda-t-elle.

- Repos, bains, bref, requinquage complet !

- " re " quoi ?

- Excusez-moi, c'est un mot français. Disons remise en forme !

Beauchamp monta de larges escaliers et entra dans une très grande chambre, avec une immense baignoire. Il posa Lara sur le lit et décrocha le téléphone. Il marmonna deux mots et raccrocha.

- Une domestique va venir vous aider à prendre votre bain, le temps que vous récupériez l'usage de vos jambes, l'avertit-il.

- Merci de votre élégance, soupira-t-elle.

Il inclina la tête et prit congé. Quelques minutes plus tard, une femme entra pour aider Lara.

Lara était allongée sur son lit, en robe de chambre de soie. Elle venait de se relaxer près de deux heures dans un bain, puis la domestique l'avait transporté sur son lit, où elle se reposait en lisant un magazine. Elle s'était même maquillée, surtout pour effacer les traces de coups et les bleus qui ornaient son visage.

- Entrez ! cria-t-elle en réponse aux trois coups sourds donnés à la porte de sa chambre.

Le professeur Jones fit alors son entrée. Marqué lui aussi de coups, arborant un gros pansement sur le front, il avait visiblement profité lui aussi d'un bain et d'une nouvelle garde-robe. Le costume lui allait d'ailleurs à ravir.

- Je ne suis pas vraiment présentable, Jones... lui reprocha-t-elle doucement.

- Comment allez-vous, Lara ?

- Pas trop mal pour quelqu'un qui possède un virus dans le corps...

Jones s'assit sur le bord du lit, à ses pieds.

- Je suis vraiment désolé de vous avoir embarqué là-dedans... Vos jambes, splendides par ailleurs ?

- Ca commence à me picoter... Je récupère quelques sensations, mais je suis toujours paralysée...

Ils se turent tous les deux, ne sachant quoi dire. Ce fut Lara qui rompit le silence.

- Voudriez-vous me porter jusqu'à la salle de bains, je vous prie ?

Jones se leva et prit Lara dans ses bras. Il la déposa à la salle de bains et en ressortit, fermant la porte derrière lui.

- Alors, Jones ? dit Lara au travers de la porte. Si vous m'expliquiez ce que ce Smith vous veut ?

Jones s'approcha du mini-bar et se servit une bonne rasade de Scotch. Il le fit tournoyer dans son verre en revenant vers la salle de bains.

- Le trésor des Templiers... dit-il simplement.

- Rien que ça ? ricana Lara. Et vous y croyez ?

- Ai-je le choix ?

- Voyons, Jones, il a presque été prouvé que l'ordre des Templiers a fini ruiné, et que leur trésor n'est qu'une rumeur.

- C'est vrai...

- Et pourquoi prendre autant de risques, nous kidnapper, et me tuer à petit feu pour vous convaincre d'investiguer sur quelque chose d'aussi... banal ?

- C'est vrai aussi...

- Vous pouvez venir !

Jones entra dans la salle de bains et prit une Lara maintenant habillée dans ses bras. Il la re-déposa sur le lit.

- Vous ne me dites pas tout, n'est-ce pas, Jones ?

Il ne répondit pas, continuant à siroter son verre. Lara souleva ses jambes l'une après l'autre, pour les faire bouger.

- Un verre ? proposa Jones.

- Bourbon.

Il retourna au bar et prit une bouteille.

- C'est en effet plus compliqué que cela... finit-il par dire, face au bar, tournant le dos à Lara.

La jeune femme se tut, attendant la suite.

- Je connais Smith depuis une vingtaine d'années. Disons que nous avons collaboré au début des années 80... et que ça s'est relativement mal passé... Sombre histoire d'idole que j'ai préféré amener dans un musée... Bref, ce gars est un pilleur. Mais de petite envergure. Jamais le Smith que j'ai connu n'aurait pu nous kidnapper et monter un plan de cette taille pour nous convaincre.

- Et bien, il a changé ! dit Lara en louchant sur ses affaires pliées en tas au pied du lit.

Elle rampa sur le lit et récupéra le paquet, soudain prise d'un fol espoir. Jones, approchant du lit les deux verres à la main, la regarda faire avec étonnement. Lara sortit soudain ses chaussures d'un air triomphal !

- ahah !! s'écria-t-elle.

- Vos chaussures...

Lara l'interrompit d'un geste et entreprit de démonter les deux talons. Elle en sortit plusieurs morceaux qu'elle assembla prestement, jusqu'à obtenir un petit appareil bizarre. Jones la regarda faire avec un étonnement grandissant. Elle ouvrit l'objet, appuya sur deux boutons et porta le tout à son oreille.

- Bryce, c'est Lara, dit-elle. Tu as 30 secondes pour trouver d'où je t'appelle et me le dire. Lâche ta canette, et... Top Chrono !

La jeune femme se tourna vers un Jones maintenant abasourdi et lui sourit, sans rien dire. Puis elle reprit un air sérieux.

- Je t'écoute, Bryce... Tu en es sûr ?... OK, il te reste maintenant... quatre heures pour y louer un petit pied-à-terre et pour le remplir du matériel habituel ! Si tu y arrives, je te ferais un gros bisou.

Elle raccrocha et jeta le téléphone cellulaire de fortune près d'elle. Puis elle leva les yeux sur Jones, qui affichait maintenant un état de stupéfaction incroyable.

- Rome, vous connaissez bien ? sourit-elle.

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