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L'Argument et l'Arme

L'Argument et l'Arme, Chapitre 1, par Helo, le 01 juin 2003.

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Chapitre 1

Lara et Orth

Je n'ai jamais été très accueillant. D'ailleurs, je suis constamment cloîtré dans mon château, situé en pleine campagne, loin de tous ce qui est trop proche, trop humain. Assez étrange comme emplacement pour bâtir un château, me direz-vous. Et j'en ai rien à foutre.

Qu'est-ce que je vous disais aussi : je n'ai jamais été très accueillant. Je n'ai pas vraiment développé les comportements humains et fraternels appelés « gentillesse » ou « amitié ». Je suis journaliste : le meilleur critique à des continents à la ronde. Et c'est sans prétention que j'affirme mon excellence en la matière : je suis bon critique parce que je critique et que je ne me gêne surtout pas pour le faire. D'où le pourquoi et le comment de posséder un château. L'argent, c'est pour les méchants. Ainsi ne serez-vous pas surpris que je sois célibataire. Ça m'arrange, ne vous en faites pas.

Et j'en viens donc à vous parler de cette nuit. Celle d'il y a quelques temps, alors que, figurez-vous donc, je dormais. Étant donné que je n'ai jamais prôné l'amour et le romantisme, il était, et il est toujours, relativement rare qu'une femme entre dans ma chambre. Relativement, étant donné que j'ai tout de même trois femmes de ménage.

Ainsi, cette nuit-là, d'il y a quelques temps, une femme, autre que celles qui font mon ménage, est entrée dans ma chambre. Étrangement, dois-je dire. Par la fenêtre, plus précisément. Dans un vacarme de vitre cassée et de froissement de cuir, à deux heures du matin, la femme a fracassée une des fenêtres de ma chambre donnant sur le toit de l'aile nord et a mis un terme à sa balade en s'écrasant contre le mur opposé. Après un murmure bougon, elle s'est retournée contre le mur, a dégainé un revolver, a activé le viseur laser et s'est tranquillement relevée en ne quittant pas ma défunte fenêtre des yeux.

J'étais conscient qu'il devait s'être passé quelque chose d'étrange, ou alors que j'étais moi-même en danger, mais mon attitude d'emmerdeur a tout de même pris le dessus sur mes craintes. Assis dans mon lit recouvert d'éclats de vitre, les yeux mis-clos, j'ai rivé mon regard sur l'ombre de la visiteuse.

- Je peux vous demandez ce que vous fichiez sur mon toit, et ce que vous fichez maintenant dans ma piaule?

Les nerfs tendus de l'inconnue manquèrent de se briser alors que je posais ma question. Elle a instantanément planté le faisceau de son viseur laser sur ma poitrine, et je perçu alors combien sa respiration saccadée et le tremblement du point rouge sur ma chemise trahissaient la peur de l'intruse.

- Silence, murmura une voix chevrotante.

Et je me la suis fermée, étant donné que le ton employé me semblait sérieux, que je n'avais aucunement envie que les poursuivants de la demoiselle se ramènent dans ma baraque, et que je n'avais encore moins le goût de me faire trouer le torse par une inconnue un peu trop nerveuse. Nous sommes donc restés là, immobiles dans le noir, à scruter les ténèbres et à écouter la nuit maîtriser la situation.

Après quelques 15 minutes, je perçu un froissement de cuir et la lumière envahit sauvagement la pièce. Mes pupilles dilatées accusèrent le choc difficilement.

- Bordel, fermez cet interrupteur!
- Venez le faire vous même. J'en ai assez fait pour vous aujourd'hui.
- Je vous demande pardon?

J'ai retiré ma main me servant de protection et j'ai planté mon regard dans celui de l'inconnue.

- Ces hommes étaient ici pour vous tuer.
- Je vous demande pardon?
- Vous êtes pardonné.

Elle s'est alors retournée prestement. Son impolitesse m'a pratiquement parue plaisante, même si la réplique était quelque peu vexante. Alors qu'elle ramassait un sac qu'elle avait fait tomber lors de son entrée cataclysmique, et je l'ai observée en silence. Mon regard s'est finalement posé sur son avant-bras, lacéré en trois endroits.

- Eum... Votre bras...
- Oui, et le vôtre?

Je me suis retenu pour ne pas lancez un « Je vous demande pardon? », et l'ai regardée s'approcher à grandes enjambées, sans vraiment comprendre. Elle a jeté son sac contre mon lit, s'en penchée par dessus moi et m'a agrippé l'avant-bras en relevant ma manche. Un sourire en coin se dessina sur son visage alors qu'elle regardait mon tatouage.

- Vous êtes orphelin, n'est-ce pas, Sir Orth?
- Ça ne vous dérangerait pas de retirer votre menotte sanguinolente de mon bras, de tourner les talons et de ficher le camp de ma propriété avant que je vous balance un de ces cristaux de verre à la tête?
- La violence, c'est mal.
- Non... sans blague? Fichez le camp.

La femme s'est assise sur mon lit, relâchant mon bras. Fouillant dans son sac à ses pieds, elle en retira un bout de tissu jauni.

- Vous savez d'où vous venez, Orth?
- J'ai été adopté alors que je n'étais qu'une crevette en ce monde. Comment voulez-vous que je me souvienne de mon origine?
- Alors vous n'en savez pas plus sur votre tatouage...
- Je ne vous avais pas demandé de foutre le camp il y a quelques secondes?
- Oui. Alors que j'étais au Nouveau-Mexique, j'ai traqué une bande d'assassins versés dans l'art de la contrebande et du terrorisme, toujours à la recherche de nouveaux contrats promettant de belles récompenses suite au meurtre d'une grosse tête ou d'une figure importante... J'ai trouvez ceci dans les quartiers de leur tête pensante. Je me suis alors souvenue des nombreux clichés et parutions télévisées de Sir Cody Nixon Orth, le grand critique anglais... et plus particulièrement de son tatouage à l'avant-bras gauche.

Elle m'a jetée un regard en coin. Elle déplia le bout de tissu et me le présenta. De manière grossière, il y figurait des traits, des pictogrammes, des écritures et des runes ravagées par le temps, mais très semblables à celles de mon tatouage. J'ai levé les yeux après quelques secondes, l'esprit confus.

- Votre tatouage est la deuxième relique, la première étant ce bout de tissu, d'une série de quatre qui, une fois assemblées, révèleront, si on se fie à mes recherches et à mes adversaires, quelque chose d'une grande valeur. Et il s'avère que vous êtes en danger de mort. Ça vous donne donc deux bonnes raisons de me suivre dans mon périple.

Je l'ai dévisagée, bouche béante, quelques secondes. Un violent mal de tête, du à mon réveil précipité, me cognait durement aux tempes. J'étais loin de m'imaginer qu'une nuit pareille pouvait m'arriver un jour.

- Et si je refuse?
- Je vous pèle l'avant-bras et je m'en vais.

J'ai pincé les lèvres, jetant un regard furtif au bout de tissu puis à mon tatouage. Ces hommes qui avaient attaqués ma visiteuse cette nuit devaient être venus en même temps qu'elle pour la même raison... À la différence près qu'eux, contrairement à elle, m'auraient pelé l'avant-bras sans même m'expliquer l'histoire. J'émis un profond soupire.

- Ne vous en faites pas, chuchota-elle en posant délicatement une main sur mon bras. Le Brésil, c'est pas si terrible, sauf côté moustiques. Et puis, ça ne vous fera pas de mal de sortir un peu, vous êtes blanc comme un drap.

Elle marqua une pause, plissant les yeux. Un sourire malin étira les coins de ses lèvres et une main sur laquelle perlait du sang se présenta devant moi.

- Je m'appelle Lara Croft.

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