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L'Argument et l'Arme

L'Argument et l'Arme, Chapitre 10, par Helo, le 25 juillet 2003.

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Chapitre 10

J'entrouvris les yeux tranquillement, redoutant ce que j'allais découvrir. J'avais pratiquement envie de pleurer à la moindre découverte déplaisante. Les rayons d'un soleil flamboyant s'insinuèrent dans mes pupilles. Vue sa position dans le ciel, identique à mes précédents souvenirs, j'avais du dormir pendant un très cours lapse de temps.

Le nez contre le radeau, mon champ de vision était considérablement restreint. Pourtant, je voyais une silhouette devant moi, de dos sans doute. À ma gauche, je voyais plusieurs pairs de bottes de cuir, semblable à celles portées par les soldats dans les armées. Ils étaient tous dos à moi. " Dos à un cadavre, on ne redoute rien... en temps normal. ", songeai-je.

Je redressai la tête. Je savais pertinemment que c'était risqué, mais ça avait l'avantage de ne pas être lâche. Mon regard se posa sur Alec, poignets liés autour d'un des piliers de son hamac. Une vilaine marque mauve lui barrait le front. À ses côtés gisait Lara, bâillonnée, chevilles et poignets solidement attachés par la même corde. Elle fusillait ses ravisseurs du regard.

Je me mis à compter. Six devant mes compagnons, deux plus à droite en train de discuter à voix basse, et une dizaine d'autres sur la rive, semblant transporter du matériel.

Je me relevai, chancelant. Lara écarquilla les yeux, mais redevint impassible afin de ne pas trahir ma présence. Je quittai la petite flaque de sang séché qui se trouvait sous moi et avançai lentement, avec des pas calculés, vers le premier mercenaire. N'ayant aucun plan, et aucune envie de réfléchir, je me contentai de stopper à quelques pas de lui, de fermer solidement le poing et de le lui balancer sur la nuque. Les huit mercenaires furent instantanément alertés. Ma cible se retourna et porta la main à sa ceinture afin de dégainer. Il n'en eut cependant pas le temps : d'un violent coup de genou entre les jambes, je l'envoyai au tapis.

Pendant ce temps, l'un des deux mercenaires qui discutaient non loin avait tendu le bras et avait saisit l'un des pistolets de Lara, posé sur une caisse de nourriture avec tout ses autres effets personnels. La déflagration déchira l'atmosphère, et la balle vint se loger dans mon avant-bras, que j'avais levé dans l'ultime but de me protéger. Mes dernières forces s'échappèrent, ne me laissant même pas l'occasion de hurler de douleur. Une larme s'échappa de mon oeil et dévala ma joue. Je m'écroulai sur les genoux, face à mon précédent adversaire. Celui-ci ricana sadiquement et me cracha au visage. Je n'eu aucune réaction supplémentaire.

Le mercenaire ayant tiré, qui s'avérait être le chef de l'opération, s'approcha de moi à grandes enjambées. Il me saisit les cheveux, me redressa la tête violemment, et parcourut son équipe du regard.

- 'Peux savoir c'est qui le couillon qui m'a dit qu'il l'avait abattu?
- C'est Frank... marmonna le mercenaire que j'avais blessé. 'S'trouve sur la rive présentement.
- L'a intérêt à être sur la rive... j'aurais pu devenir cruel.
- Vous ne l'êtes pas déjà assez? murmurai-je, la voix rauque, avec un faible sourire.

Il améliora sa poigne et me balança durement sur le plancher du radeau. Un éclisse de bois me déchira la tempe, près du sourcil droit. Je roulai jusqu'à Lara et Alejandro, et restai immobile, incapable de me redresser. Mon sang coagula rapidement, mais mon énergie demeura en grande partie absente.

Le mercenaire se retourna, frustré. Il fit un signe nerveux à ses comparses pour avoir leur attention.

- Qu'est-ce qu'on fait pour les aut' clés? demanda un de nos agresseurs.
- On se la ferme et on pense, crétin, marmonna leur supérieur.

Le soldat interpellé renifla du nez et avala. Il se détourna, vexé. Tous les autres soldats s'enfermèrent dans un silence songeur. Le chef manipulait le bout de tissu de Lara, l'observant d'un air embêté. Il releva soudainement la tête, s'approcha rapidement de Lara, s'agenouilla devant elle et approcha son visage du sien.

- Finalement, Miss Croft, ce qui m'appartenait m'est revenu... avec quelques primes en plus, dit-il en observant successivement mon bras puis celui d'Alejandro. C'est gentil d'avoir rassemblé les clés pour moi, Miss... et de me les avoir rendu avec si peu de résistance.

Lara se débattit de rage. L'assassin ricana.

- Je n'ai plus besoin de vous.

Il se recula légèrement et lui assena une claque au visage, l'expédiant par dessus bord. Elle perça la surface de l'eau dans une gerbe d'éclaboussures, et coula rapidement. Alejandro éclata en sanglots en insultant les mercenaires dans sa langue première. L'un de nos ravisseurs le fit taire d'un solide coup de crosse au visage.

Le sommeil m'assaillait. Je le repoussai encore quelques instants. Quelques instants, le temps d'ancrer mon pied droit entre deux billots du radeau. La seconde suivante, je m'élançai vers le chef de la bande, pris appui sur sa botte afin de tourner plus rapidement, arrachai sa machette au passage et me jetai dans la rivière tête première.

Des balles sifflèrent sous l'eau, formant des canaux de bulles, mais cessèrent dès qu'une forte voix, autoritaire, leur hurla d'arrêter. Il est vrai que sans mon cadavre, coulé au fond de la rivière, ils ne seraient pas bien avancés pour résoudre le mystère des clés.

Je me pressai d'atteindre Lara, chassant crainte, douleur, angoisse et épuisement. Je tentai de faire le vide, de rappeler mes forces à l'ordre, de leur intimer un dévouement total. J'agrippai son épaule et l'amenai contre moi. D'un coup vif, je tranchai ses liens avec la machette, libérant ses bras et ses jambes. Elle arracha le tissu qui la bâillonnait et entreprit de remonter à la surface. J'étais conscient qu'elle n'avait sans doute pas eu le temps de prendre sa respiration avant de chuter dans l'eau, mais je ne pouvais pas la laisser retourner à la surface. Je la saisis par la taille, l'entraînant sous le radeau.

Entre deux billots, il était parfois possible de respirer si une vague ne venait pas boucher l'espace. Aussi eûmes-t-on la chance de reprendre notre souffle quelques minutes, nous agrippant mutuellement comme une marque de réconfort.

Peu de temps après, Lara me tira derrière, m'obligeant en quelque sorte à la suivre. Ce que je fis. En une respiration, nous atteignîmes la rive opposée à celle que les mercenaires avaient pris d'assaut. Nous émergeâmes sous des plantes assez feuillues pour nous cacher aisément. Lara me sauta instantanément au cou. Je me laissai ballotter par les flots. Mes paupières me semblaient extrêmement lourdes. Ce fut dans un mélange de joie et de tristesse que Lara m'adressa la parole.

- Je n'ai pas tiré cette balle, Orth. C'est un de leurs tireurs d'élite qui a fait feu. En fait, j'ose croire que le projectile était destiné à votre jugulaire... mon pistolet n'a fait que dévider sa trajectoire et ralentir sa course.
- Je ne vous aurai jamais été aussi reconnaissant d'avoir été responsable de mon martyre, murmurai-je.
- Vous n'avez perdu qu'un bout de peau, Orth. La balle a glissée gentiment le long de votre mâchoire. Cessez de vous plaindre.
- Il y a mon bras aussi...
- Je sais. Vous avez été courageux.

Je reniflai, sentant les larmes monter à mes yeux. Lara me frotta le dos. Je me blotti contre elle en quête d'affection.

- Je veux rentrer, sanglotai-je.

Elle me saisit les épaules, insensible à ma grimasse de douleur, et planta des yeux flamboyants dans les miens.

- Orth, espèce de con, vous laisseriez Alejandro seul? Maintenant qu'ils savent qu'il est une des clés, ils ne le laisseront pas filer. Et regardez-les... ils nous cherchent déjà. Ils sont en train de sonder les eaux. Fuyons, et établissons un plan alors qu'il en est encore temps.

Elle m'essuya les yeux avec ses pouces, me saisit le menton afin de me relever la tête, observa ma blessure, puis passa à l'observation de mon bras, toujours avec un manque flagrant de délicatesse. Je la laissai procéder, sachant pertinemment que mes protestations ne mèneraient à rien.

- Le projectile est encore dans votre bras... Mais vous allez survivre.
- Vous m'en voyez ravis...
- Et moi aussi. Que ferais-je sans vous, Orth?

Elle ricana légèrement, me prit gentiment par la main et m'entraîna derrière elle. Nous sortîmes de l'eau, toujours sous le couvert de la végétation, et pénétrâmes dans la jungle. Je vis Lara poser instinctivement sa main contre sa cuisse, en quête d'un pistolet. Elle serra les dents et étouffa un juron en rencontrant du vide.

Nous poursuivîmes notre chemin le long du cours d'eau, retournant au niveau du radeau. Nous nous accroupîmes derrière des buissons, sous les arbres centenaires, et observâmes les allées et venues des mercenaires. Sans un mot, nous tentions d'élaborer, chacun de notre côté, une quelconque stratégie afin de libérer Alec. Nos pensées furent néanmoins interrompues par un événement inattendu.

- Plus un geste, clama une voix ferme.

J'obtempérai, les muscles tendus, alors que Lara pivotait bêtement, prête à se défendre. Elle fut cueillit au menton par un solide coup de pied. Elle chuta sur son séant, à mes côtés, en marmonnant de frustration. Elle leva un regard assassin vers notre ennemi.

- Je vous avais pourtant averti de ne pas bouger, ricana la voix féminine.

Lentement, presque timidement, je pivotai à mon tour. Je posai mon regard sur une jeune femme, sans doute de mon âge. De longs cheveux sombres encadraient un visage sournois, souligné par un sourire indépendant et par un regard d'un vert scintillant. Sa silhouette athlétique, soulignée par des vêtements de camouflage ajustés, achevait de la rendre irrésistible. Je n'avais aucune notion concernant les armes, mais le calibre qu'elle portait en bandoulière, muni d'une visée laser, me rappela les précédents propos de Lara concernant les tireurs d'élite.

Elle posa finalement les yeux sur moi. Son expression décontractée entretint ma stupeur. Elle se pencha vers moi, me saisit les cheveux et me redressa la tête.

- Hey... Je t'avais presque, mon lapin. Encore quelques centimètres et-

Lara s'inclina, portant son poids sur son autre cuisse, et balança son pied sur le poignet de la femme. Cette dernière recula, surprise et vexée, me lâchant ainsi les cheveux. Lara s'inclina vers l'arrière et d'un bon, se redressa sur ses pieds. En un mouvement qui ne dura qu'à peine une seconde, elle saisit la machette que j'avais précédemment volé au chef des assassins et sauta vers l'ennemie. L'entourant de ses bras, elle calla la lame entre deux de ses vertèbres cervicales. Au même instant, la mercenaire braquait son arme contre le sternum de ma camarade. La scène s'étant déroulé en très peu de temps, je demeurai figé d'admiration face à la vivacité des demoiselles.

Elles s'observaient silencieusement, leur visage séparé d'à peine quelques centimètres. Leur vie ne tenait qu'à un fil, qu'à une pulsion. À une légère pression sur la détente, ou à un coup de poignet. L'inconnue souris, Lara fronça les sourcils.

- Je me nomme Franchesca. Frank, pour mes victimes, renchérit-elle en me faisant un clin d'oeil.

Elle reposa son attention sur Lara, la tête bien haute, la défiant du regard.

- Frank, pour mes collègues.

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