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Mémoire(s)

Mémoire(s), Chapitre 9, par Clara, le 25 juin 2004.

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Chapitre 9 : Approche

- Home sweet home !
- Oh, fermez-la !
Terry Sheridan était plus qu'amer. Guère loquace durant le trajet du retour, sa morosité s'était muée en mauvaise humeur à l'approche de Londres. Se laissant tomber sur l'un des sofas de la bibliothèque, Jane soupira. Elle avait besoin de faire le point, et soupira de soulagement quand Sheridan débarrassa le plancher. Dans son journal, Lara parlait de 4 clés. La première, l'amulette d'Horus, Jane l'avait récupérée. La seconde, la Ceinture d' l'Amazone, avait disparu, provoquant la mort des deux êtres étranges qui en avaient la garde. Quant au destrier de l'aurige et au bouclier du guerrier, Jane n'avait aucune, mais alors là aucune idée de ce dont il s'agissait. Elle soupira à nouveau en voyant Sheridan revenir à la charge. Devant le bureau, il feuilletait le journal de Lara.
- Ben voyons ! Aucun signe, ç'aurait été trop simple, hein ?!
- Oh, fermez-la...
- Ok, je la ferme, je la ferme, de toute façon je ne suis bon qu'à ça dans cette histoire, à ça et à vous servir de gros bras.
- Vous voudriez servir à quoi d'autre ?
Elle bondit de son siège et se planta devant lui.
- Qu'est-ce qui fait que vous tenez tant à cette clé, Terry ? Pourquoi vous intéressez-vous tant à ça ? Et ne me dites pas que c'est une ancienne histoire de fesses avec ma soeur qui vous rend aussi accro, on est très loin de la chercher elle !
- On cherche quoi, au fait ? Quatre clés, pour une porte qui ouvrirait sur quoi ? Vous êtes forcée d'admette qu'on n'en sait rien...il faudrait faire confiance aux hypothétiques informations données par une femme morte...
- C'est comme ça qu'ils ont trouvé Troie, je vous signale. Et Toutankhamon, et l'armée de X'ian, et...
Elle se calma. Lara était morte. Peut-être était-il temps de rebrousser chemin et d'enterrer toute cette histoire une fois pour toutes. Renoncer. Elle retomba sur le sofa.
- On renonce ? dit-elle d'une petite voix. C'est sans doute la seule chose intelligente à faire...
Elle ferma les yeux. La tension accumulée depuis deux semaines pesait de tout son poids sur ses épaules. Ne pas pleurer, surtout ne pas pleurer.
- Jane...
La voix de Terry s'était fait douce.
- ...vous admettrez tout de même que c'est assez peu, non : suivre le chemin d'Ulysse...
Elle sauta sur ses pieds.
- C'est ça ! Terry, c'est ça ! Le chemin d'Ulysse !
Sheridan ferma le journal tandis qu'elle parcourait la bibliothèque.
- Euripide...Hérodote...
- Ca vous ennuierait de m'expliquer ? Parce que depuis le début, je me fais l'effet d'être particulièrement stupide. On dirait que je vous ai apporté une bonne nouvelle, mais si je savais laquelle...
- Hésiode non...ah ! Homère !
Elle s'empara de l'épais volume et entreprit de le feuilleter.
- Vous n'êtes pas stupide, fit-elle d'une voix distraite.
- Trop aimable.
Qu'avaient dit les gardiens, déjà ? Que la porte du Nord se trouve là où les hommes ignorent la mer et...
- Vous ne voulez vraiment pas m'en dire plus ?
- ... et ne mêlent jamais de sel aux mets qu'ils mangent ! C'est ça : « Oude th' halessi memignenon eidar edousin ».
- Encore l'esperanto ? Croft, si vous m'expliquiez ?
Jane lui tendit fièrement le livre.
- C'est l'endroit où se trouve la porte, le lieu où les hommes ignorent la mer et ne mêlent jamais...
-...jamais de sel aux mets qu'ils mangent, d'accord Croft. Vous ne trouvez pas ça un peu vague ?
- Non.
- Non ?
- Non.
Résistant à l'envie de la secouer comme un prunier jusqu'à ce que ses dents s'entrechoquent, il se balança d'un pied sur l'autre.
- Vous pensez vraiment qu'on est plus avancés ?
- Oui, bien sûr. Il s'agit d'une citation d'Homère !
- Je vois... grinça-t-il d'un ton qui laissait sous-entendre que, non, il ne voyait pas du tout et que oui, elle n'allait pas tarder à s'en prendre une.
- Homère est connu des voyageurs depuis toujours. De nombreux scientifiques se sont penchés sur ses écrits. Tenez, Samuel Butler, par exemple...
Elle s'arrêta net. Le gros livre rouge de Butler était précisément celui qui déclenchait le mécanisme de la cheminée. Ca ne pouvait pas être un hasard. A nouveau, la sensation d'être une souris dans un labyrinthe la saisit. Mais qui jouait ?
- Quoi ? Croft, quoi ??! On dirait que vous venez de voir un fantôme...
Jane attrapa le livre de Butler et le feu s'arrêta. Au-dehors, le vent soufflait en tempête, les bourrasques se fracassant contre les vitres.
- C'est le bouquin de Butler...
Dans sa paume, le livre s'ouvrit presque de lui-même. Chapitre neuf, la Crimée. La page était retenue par un signet et ornée d'une gravure, représentant un petit être étrange, court sur pattes, au ventre rebondi et aux bras trop longs pour son petit corps. Un Cimmérien. L'un des gardiens. Le marque-page tomba sur le sol et Terry le ramassa. Il s'agissait d'une feuille de parchemin pliée en quatre, un document qui avait traversé les siècles. Et qui portait une carte.
- Putain, Croft...
- Votre langage...
- J'suis un génie !
- Je n'irais pas jusque là mais vous êtes un bon élément !

Le Maître ricana. C'était un trait de génie qu'il avait eu. Comment monter une armée ? Comment les hiérarchiser, fidéliser les chefs qui exhorteraient les troupes ? Où se fournir ? Il lui avait suffi de se dire anti-américain. Les mains s'étaient tendues, pleines d'argent, d'armes, d'escortes et de cachettes de luxe. Ses appuis, dont certains inattendus, étaient parmi les plus puissants de ce monde, des meneurs de nations qui ne savaient plus à quel saint se vouer pour stopper l'omniprésence des USA. Bien loin de la scène politique, il avait convoqué son propre G8. Sans détour, il avait expliqué clairement ce qu'il cherchait. Chacun des dirigeants présents avait compris qu'il en allait de leur propre intérêt, au-delà de celui de leur pays. De plus il leur avait signifié que celui qui n'était pas avec lui était contre lui. Dès lors, chacun de ses souhaits avait été un ordre. Il se renfonça dans son fauteuil, assez satisfait de la tournure que prenaient les événements. Le fax émit un bourdonnement furtif. Le signal convenu s'étalait sur la feuille. Il alluma son ordinateur. Son correspondant était en ligne. Il le salua d'un signe de tête.
- Excellence, nous avons reçu des nouvelles du Kenya. Suivant les indications de vos spécialistes, nous avons restreint la zone de recherche à un lieu-dit, le « Passage des Ancêtres ». Le nom dit déjà tout, n'est-ce pas ?
Un sourire froid comme l'Arctique lui répondit. L'Eclaireur manipula quelques boutons et une image satellite apparut sur l'écran.
- L'appellation concerne un canyon, au fond duquel coule un fleuve, sans doute un affluent indirect du Nil, mais il rentre sous terre, impossible donc de dire où il aboutit. C'est précisément cette gorge qui serait un passage.
- Quelles nouvelles des troupes.
- Afta dit avoir les choses en main. Vous savez qu'on peut lui faire confiance.
- Et qu'en est-il des locaux ?
-Afta attend vos ordres. Un mot de vous, et la région sera déserte en moins de deux heures, Excellence.
- Parfait. Vous remercierez Afta de ma part. Dites-lui qu'il commence tout de suite. Et continuez à vous occuper de notre affaire.
- A vos ordres, monsieur, je transmets le message. Dans deux heures, la région sera vide.
Les yeux luisants de plaisir, le Maître coupa la communication. Il aimait le travail bien fait et les compétences d'Afta dépassaient ses espérances. Il ouvrit vivement la porte de ses appartements et sortit. Dans la grande salle, l'entente régnait à merveille. La petite démonstration de l'autre jour avait fait des miracles. Aussitôt qu'il eut claqué du doigt, deux gorilles accoururent.
- Allez me chercher Chemisky.
Cinq secondes plus tard, les deux armoires à glace lui amenaient sans ménagement le petit professeur.
- Alors, mon cher Walter, quelles sont les nouvelles de la cartographie ?
- Ca avance, Excellence. Par recoupement de textes, nous avons pu déduire qu'au IVe siècle de notre ère...
Le Maître se passa lentement une main sur la gorge.
- B...b...bref nous n'avons rien de plus précis qu'un rayon de 50 km, monsieur...Excellence, ajouta-t-il sous le coup de coude de l'un des gorilles.
- Il va falloir restreindre le champ, cher ami. Nos troupes débarqueront bientôt, et ne doivent avoir à couvrir qu'une région de 25 km de diamètre.
L'Américain hocha la tête.
- Sinon, je crains que les Français ne doivent se résoudre à se passer de la collaboration US. Tremblant comme une feuille, le petit homme saisit le grimoire qu'il lui tendait. Il estimait à deux jours le temps qu'il lui restait.

- Von Croy avec un C.
- Effectivement, mister Von Croy, suite 204. Si je puis me permettre, c'est l'une des plus belles. La vue sur le palais est exceptionnelle.
Sur un signe de tête, Von Croy rejoignit sa suite. Il savait déjà cela. Il le savait depuis plus de cinquante ans. Il se souvenait de ce qui l'avait amené ici même, un soir de février, sur la place de l'Hermitage. Et aujourd'hui, il revenait exactement pour la même raison.

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