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Mémoire(s)

Mémoire(s), Chapitre 11, par Clara, le 04 juillet 2004.

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Chapitre 11 : Révélations...

- Quand j'ai dit « robe », ça signifiait tenue correcte, Croft. Là, tous les papys du coin vont friser l'infar.
- Un mot de plus, ou un regard vers mon décolleté et je réintègre mes godillots. C'est la seule robe du manoir dans laquelle j'ai pu rentrer et qui ne flotte pas au niveau des... enfin vous voyez...
- Clairement, oui.
La robe était noire, fendue du côté droit, et le décolleté plongeant était retenu par deux bretelles se rejoignant sur la nuque, qu'elle avait dégagée par un chignon lâche.
- Sheridan, j'apprécierais que vous preniez mes menaces au sérieux.
- Oui, miss.
Il détourna le regard tandis que Jane réprimait un sourire.
- Winston, nous serons absents toute la soirée. Ne m'attendez pas.
- Bien, miss Jane.
Le vieil homme s'inclina et Jane hésita. Elle ne s'expliquait pas la froideur du majordome depuis le début de la journée, mais ne le connaissait pas suffisamment pour le questionner. Elle devrait attendre qu'il parle de lui même. Il lui tendit une cape qu'elle posa sur ses épaules et Sheridan, en smoking, lui tint la porte en la détaillant.
- Quoi ?!
- Je retire ce que j'ai dit, vous êtes beaucoup plus mignonne que votre soeur.
- Terry, vous n'imaginez même pas combien vous êtes près de passer une soirée en solitaire.
- D'accord, d'accord, remarque j'ai l'habitude... mais...
- Mais ?!
- Ca ne va pas être pratique sur la moto.
Elle se balança d'un pied sur l'autre.
- C'est une plaisanterie ?
Il la retint par le coude.
- Oui, et mauvaise, je vous l'accorde.
Il désigna une limousine garée devant les grilles du parc. Tous deux pénétrèrent à l'intérieur de la voiture avec chauffeur, et tandis que Terry dictait l'adresse, Jane se renfonça dans son siège. Malgré l'air doux du soir et les progrès qu'ils avaient fait, la présence de Sheridan à ses côtés la mettait mal à l'aise. Elle ne parvenait pas à chasser l'appréhension qui l'avait saisie. Elle jeta un coup d'oeil au manoir et, prise d'une inspiration subite, elle sauta de la voiture et courut vars l'entrée.
- Winston ! Avez-vous eu le temps de préparer ce que je...
Sans un mot, le vieil homme lui tendit une chemise cartonnée, dont Jane consulta le contenu sans attendre. Elle retint un instant son souffle, tandis qu'un froid glacial lui saisissait la nuque. Relevant les yeux, elle rencontra le regard malheureux de Winston.
- Vous êtes absolument sûr... enfin, tout ceci est vraiment exact ?
- Dans les moindres détails, miss, je le crains.
Elle jeta un coup d'oeil à l'extérieur, vers la voiture où Terry attendait. Quelques secondes plus tard, elle s'asseyait à ses côtés.
- Mon sac, s'excusa-t-elle.
La voiture démarra.

Londres en octobre accueillait le beau monde, la « Season » démarrait et se retrouvaient sur place les habitués de Saint Trop' et de Cape Cod, bourgeois désoeuvrés et membres de la gentry. Ce soir-là, le gratin semblait s'être rassemblé au restaurant de l'hôtel Marriott. Malgré la foule, une table pour deux les attendait, au bord d'une baie vitrée qui dominait la Tamise. Le maître d'hôtel débarrassa Jane de son manteau tandis qu'un autre lui tendait sa chaise.
- C'est gagné pour les papys du coin, la moitié des vieilles parlent dans le vide pendant que leur mari te lorgne.
- Surveillez votre langage, Terry. Si vous pouviez ne serait-ce qu'affecter un rien de distinction le temps d'une soirée, j'en serais ravie. Et cessez de faire semblant de râler, vous simulez très mal.
- C'est sans doute parce que je ne simule jamais.
Jane leva un sourcil menaçant.
- Voyons, Croft, je sais que tu adores mon côté mauvais garçon.
Il posa un bras sur la table, et se renfonça dans son siège, moqueur.
- Il te fallait un bad boy, tu l'as trouvé...
- Ne vous méprenez pas, dit-elle en croisant les bras, nous ne faisons affaire que pour le business.
Elle se rassit à son tour avant de continuer.
- Lorsque nous en aurons fini avec cette « affaire », nous reprendrons nos vies, chacun de notre côté... Bon ! Et si vous me disiez exactement pourquoi ce dîner ?
- Eh bien, pour fêter notre réussite.
- A d'autres. Nous n'avons rien réussi : nous savons ce que nous devons rassembler et où nous devons nous rendre. Rien de plus. Alors ?
- Je pense que tu te complais dans le défaitisme. Nous avons rassemblé deux des cartes clés.
- C'est ce que je dis : nous savons quoi et nous savons où. Il nous reste à savoir qui.
Ne va pas trop vite, se dit-elle, laisse-lui le temps de comprendre.
- Et ça, nous le savons aussi en fait.
- « Nous » le savons ?
Il sortit une liasse de papiers de sous sa veste et les posa sur la table. Devant son regard interrogateur, il s'expliqua.
- Je me suis renseigné sur la Ceinture de Penthésilée. Avant que l'équipe des archéologues français ne la découvre par hasard, un Anglais fortuné avait déjà entrepris des recherches, dans le but avoué de découvrir cet artefact précis.
Jane feuilleta quelques instants le dossier. Elle s'arrêta sur une photo sur laquelle un homme grand et maigre surmontait un vaste terrain où creusaient des ouvriers. L'homme, les mains dans les poches, tournait le visage de manière à ce que le contre-jour empêche d'en distinguer les traits. Jane eut une impression désagréable.
- Tu es étonnée car tu n'as jamais entendu parler de ces fouilles, qui se déroulaient pourtant en pleine Egypte ? En réalité c'est tout à fait naturel. Elles ont été faites de manière semi-sauvage, à grands renforts de dollars versés au Service des Antiquités de façon à obtenir le quasi-silence du ministre de l'époque. L'issue des fouilles fut désastreuse.
Il lui tendit une coupure de presse avant de poursuivre son récit. « On the Way of a Legend : Digging for Penthesileia », avec un encadré et une photo, toujoursfloue, de l'archéologue. « Alexander O'Donnell ».
- Son nom est O'Donnel. Psychiatre de formation, il a été radié à vie de l'ordre des médecins suite à une affaire d'abus sur patients. Suite au suicide des plaignants, les charges ont été abandonnées et l'affaire n'a jamais abouti. O'Donnell s'est reconverti dans le traitement de la thanatophobie...
-... la peur de la mort. Quel rapport avec nous ?
Il jeta un coup d'oeil à une photo avant de la lui tendre. Il s'agissait d'un cliché tiré à part d'une vente aux enchères. Au premier rang, une silhouette féminine coiffée d'une natte, la main levée. Lara. Au dernier rang, la main levée également, un personnage grand et mince à la chevelure noire. Sur l'estrade, une grande amphore grecque peinte, objet mis à prix. Jane était certaine d'en connaître l'acquéreur.
- Il semble que tous deux aient participé à une vente aux enchères assez exceptionnelle l'hiver dernier. La presse l'a mentionnée suite à la somme astronomique atteinte par le vase. Il semble que Lara en ait fait acquisition sur un coup de tête, ce qui lui ressemblait assez, et que O'Donnell ait du abandonner l'enchère en cours de route, faute de moyens...
-... ou bien de peur d'attirer l'attention...
- Exact.
- Bon, et vous pensez qu'O'Donnell a quelque chose à voir avec le vol du vase, et pourrait être dans la course ?
- J'en suis même sûr. Sur la carte que nous avons consulté tout à l'heure...
Il s'interrompit, car elle venait d'extraire la carte de son minuscule sac.
- Bien pratique cette chose. Sur cette carte, donc, la localisation de la Crimée serait ici dans la région du haut Bragon, en Bulgarie donc. Or un contact d'Interpol m'a prévenu il y a deux jours : le Dr. O'Donnell est descendu il y a une semaine à l'aéroport de Gabrovo, Bulgarie. Ça ne peut pas être un hasard.
Jane attendit un instant, ne sachant ce qu'elle devait croire ou ne pas croire. Elle jeta un coup d'oeil vers son sac, puis revint à Sheridan et remarqua qu'il hésitait lui aussi. C'est ce qui la fit se décider. C'était le moment de jouer cartes sur table.

L'Excellence décida qu'il était temps. Temps de se trouver un allié. Bien sûr il avait l'Eclaireur. Mais il était assez bien placé pour savoir que l'Eclaireur n'était pas infaillible. Et bien sûr il avait Afta. Mais Afta était un mercenaire, comme les quatre autres chefs. Et les troupes des cinq continents fonctionnaient sous le même régime : un claquement de doigts de leur commandant et les troupes seraient dissoutes. C'était cela la menace : malgré les témoignages de fidélité qu'ils lui montraient, il les savait prêts à obéir au plus offrant. O'Donnell savait que le temps pressait : au plus tard on découvrirait son plan, au mieux ce serait. Ce qui avait été une question de siècles, puis d'années pour ses prédécesseurs n'était plus aujourd'hui qu'une question de jours, voire d'heure. A cette pensée, sa main se serra sur le verre qu'il tenait et le verre explosa. Quelques éclats volèrent dans la cheminée contre laquelle il était appuyé. Il les regarda entrer en fusion sans se rendre compte que sa main saignait. Il était si près du but. Si près.
Il serra le poing et le sang coula sur les dalles noires. Par ailleurs la menace n'avait jamais été si proche. Il sentait qu'Afta allait devenir gourmand. L'action au Kenya avait été trop rondement menée. D'un jour à l'autre, Afta lui dirait qu'il lui faudrait payer un supplément. Et l'Excellence allait refuser. Il savait que ce n'était pas prudent, que sa fortune lui permettrait d'obtenir le silence des troupes, mais il ne voulait pas céder. Qui pourrait de toute façon savoir qu'un seul homme était derrière tout ça ? Passant une bande de tissu autour de sa main ensanglantée, il ouvrit la porte donnant sur la grande salle et observa un instant ses équipes. C'était la fin de la journée. La plupart des scientifiques rangeaient les tables de travail, mais une frénésie particulière régnait autour de la table des cartographes. Les philologues allemands lui avaient rendu un rapport, traduction complète des textes tardifs mentionnant le rituel de la Porte du Nord. Les historiens des religions avaient recoupé les informations, ordonnant les gestes et les paroles à prononcer. L'Excellence était de bonne humeur, il se sentait prêt.
Il descendit les quelques marches et traversa la salle voûtée en diagonale, rejoignant les cartographes qui semblèrent se ratatiner à son approche. Seul Chemisky continuait à travailler comme si de rien n'était. L'Excellence ne remarqua pas que le petit homme moustachu pâlissait notablement lorsqu'il lui demanda où ils en étaient dans leurs recherches sur la localisation de la Crimée.
- Nous y sommes presque, Excellence, nous avons restreint le rayon de recherches à la partie Nord de la forêt du Bragon, jusqu'au fleuve Dorað.
- Une région bien vaste.
Chemisky tenta tant bien que mal de maîtriser sa voix tremblante.
- Le champ de recherches mesure environ 35 km de diamètre. J'ai bien une théorie sur la manière de rétrécir celui-ci, mais mon collègue ne semble pas être d'accord.
A l'autre bout de la table, un homme aux sourcils broussailleux lui lança un regard noir. Le Français ne perdait pas une miette de l'échange entre le Maître et l'Américain. Il tenta d'intervenir, mais le Maître dressa la main, lui intimant le silence. La grande salle se vidait peu à peu. O'Donnell posa les mains sur le dossier de la chaise de Chemisky.
- Bien, mon cher Professeur, je pense que vous allez m'accompagner dans mes appartements.
Chemisky se leva trop rapidement, renversant sa chaise.
- M...mais, Excellence, mes renseignements sont exacts...
L'Excellence fit un geste en direction des Gardes. Le ton montait et il détestait ça. La voix de Chemisky vira dans les aigus tandis que les deux mastodontes l'entraînaient à la suite du Maître dans les appartements de celui-ci. A la table des Français, l'homme au sourcil broussailleux observa la scène en silence, d'un air rêveur.
- Crétin d'Amerloque, fit-il finalement d'un ton victorieux.
- Quel contact ?
- Pardon ?
- Vous m'avez comprise : quel contact vous a prévenu que O'Donnell se trouve à présent en Bulgarie ?
Il jeta un coup d'oeil à gauche et se redressa, fronçant les sourcils.
- Mais de quoi tu parles, Croft ?
La voix parfaitement calme, elle déplaça légèrement le bras qu'elle avait gardé sous la table, et Sheridan entendit distinctement le bruit d'un pistolet que l'on arme. Il plissa légèrement les yeux, un sourire figé au coin des lèvres.
- Croft ? Je peux savoir ce que tu fais ?
- Je vous braque pour que vous me disiez la vérité. Où avez-vous eu ces informations ?
Il éluda la question.
- Tu penses que tu vas pouvoir me descendre ici, devant tous ces gens ?
- Comme vous me l'avez aimablement fait remarquer, mon public se compose essentiellement de trois fois vingt. Le temps que l'on se rende compte que la jeune fille sous le choc d'avoir vu son compagnon mourir est en fait celle qui a tiré, je serai loin. Alors allez-y Sheridan, sinon je tire dans l'abdomen. Vous me connaissez suffisamment pour savoir que chaque balle fera mouche.
Terry Sheridan hésita. Il se pencha en avant et s'appuya d'un bras sur l'autre. A cet instant un serveur arriva.
- Messieurs-dame, que désirez-vous comme apéritif ?

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