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L'âge de glace - Director's Cut

L'âge de glace - Director's Cut, Chapitre 3, par Pitoch, le 18 novembre 2005.

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Chapitre 3

Malgré l'insistance de Winston pour préparer la salle de réception, Lara avait opté pour un repas directement dans la cuisine, dont l'ambiance était plus conviviale et intimiste. Elle avait même congédié son vieux majordome, qui s'était retiré avec raideur et dignité, non sans une courbette vexée. Elle avait également tenu à préparer le repas elle-même. Seul le choix du vin était revenu à Winston. Mais deux heures plus tard, elle l'avait rappelé une fois que tous ses plats furent passés à la poubelle, brûlés ou tout simplement immangeables.
Indy et Lara mangèrent avec délice, en prenant le temps de profiter. Puis ils s'étaient déplacés dans le grand salon, face à la cheminée principale du manoir. Ils s'installèrent dans un confortable et profond canapé. Lara était déjà un peu ivre, le vin ayant coulé à flot lors du repas. Elle regarda l'âtre en ricanant.
- C'est tout juste si on a pas besoin de l'allumer ! fit-elle.
- C'est vrai. Le temps est assez pourri pour un mois de Juillet.
- Le bar est juste à côté de toi...
Indy sourit et se leva en direction du bar. Il revint aussitôt avec deux bouteilles de brandy, qu'il montra à Lara.
- Excellent choix, fit-elle en souriant.
Il se rassit.
- Tu as revu Alex ? demanda Indy en servant les premiers verres.
- Oui.
- Et ?
- Je vais arrêter. Je n'ai pas le droit de le harceler juste parce que je fantasme. Il est quelqu'un d'autre.
- Je pense que tu fais bien, Lara. Et ne sois pas triste, je t'en prie.
- Avec ce que j'ai bu et ce que je vais boire, aucun risque !
Elle but son verre de brandy en deux gorgées. Indy l'imita et refit le service. En quelques minutes, les deux bouteilles étaient vides.
- Indy... attaqua Lara. C'est le bon moment pour te dire un truc...
- Le bon moment ?
- Je suis assez bourrée pour avoir le courage de le dire, et pas assez pour savoir quoi dire.
- Ah. Je t'écoute.
- C'est à propos de ton père. Je... j'ai honte de... d'avoir douté de lui. Enfin de croire que... Enfin tu comprends, quoi...
- Oh oui, ne t'inquiète pas. Mon père connaissait les risques du rôle qu'il devait jouer pour sauver le monde.
- Il est mort en croyant que je le détestais.
- Non. Il est mort en sachant que tu allais comprendre et ainsi arrêter de le détester.
- Pffff. Ton père est vraiment trop intelligent pour moi !
- En ce moment, il est surtout beaucoup plus sobre.
Lara partit dans un éclat de rire exagéré par l'alcool.
- Je suis saoule, pas vrai ?
- Saoule ? s'étonna Indy. Mais tu es complètement pétée, oui !
Ils prirent un fou-rire tous les deux, bêtement.
- Fais le malin, t'es dans le même état ! ricana Lara.
- Mais pas du tout, répondit Indy en redevant soudain sérieux.
Elle le regarda stupéfaite. Mais après quelques secondes de silence, ils explosèrent de nouveau de rire.
- T'es con, Jones !
- Non, je suis bourré, nuance !
- N'empêche, faudrait que j'arrête de picoler, fit Lara. Sinon je vais finir par danser toute nue sur la table !
Indy la regarda avec un air exagérément lubrique.
- Youhou !! cria-t-il. Continue à boire, miss gros-seins !
- Eh !!! T'es con, Indy, c'est pas possible !
En riant, elle se jeta sur lui, tentant de le frapper. Elle le rata tant et si bien qu'elle tomba à la renverse du canapé, allongée sur le dos. Son fou-rire redoubla, tandis qu'Indy se pencha au-dessus d'elle.
- Ca va ? demanda-t-il.
Sans répondre, elle l'attrapa par le col et l'attira à elle, le faisant tomber à son tour. Après un roulé-boulé, Indy se retrouva par terre, sur le dos, Lara à cheval sur lui. Ils riaient tous les deux, l'alcool leur faisant perdre le contrôle. Voulant retourner la situation à son avantage, Indy tenta de faire basculer la jeune femme en attrapant ses fesses. Ils se rendirent compte en même temps de cette position impudique et s'arrêtèrent aussitôt de rire. Ils se regardèrent dans les yeux, en silence : l'ambiance venait de changer radicalement. Lara passa lentement ses doigts dans les cheveux de son ami, puis commença à défaire les boutons de sa chemise. Vite exaspérée, elle la lui arracha d'un coup sec et passa ses mains sur son torse nu. Puis, comme si elle venait de prendre une décision, elle retira son propre chemisier et dégrafa son soutien-gorge. Une fois seins nus, elle se pencha légèrement vers son ami. Indy vint à sa rencontre en se redressant et leurs lèvres se rencontrèrent. D'abord tendrement, timidement. Puis passionnément. Leur baiser fut fougueux, agressif, dévastateur. Prise par le feu et l'ambiance, l'alcool aidant, Lara termina de se déshabiller. Une fois que sa jeune amie fut nue, Indy la renversa et entreprit de la couvrir de baisers.

***

- ... sont à déplorer. Le premier ministre Tony Blair a appelé à la plus grande vigilance sur les routes, en ce mois de Juillet exceptionnel. Sport, le...
- La ferme.... gémit Lara en coupant la radio d'un solide coup de poing.
Elle poussa alors un long gémissement déchirant : elle s'était offerte la plus puissante migraine de sa vie. Elle se leva lentement, luttant contre son estomac retourné, et se dirigea vers la salle de bains. La lumière tamisée de la pièce lui faisait l'effet d'un flash continu en pleine figure. Le moindre petit son devenait à ses oreilles un vacarme insupportable : le bruit de l'eau qu'elle venait d'ouvrir pour remplir la baignoire la fit gémir de douleur. Pendant que son bain coulait, elle fit sonner Winston, qui arriva peu après. Il jaugea aussitôt la situation et lui servit deux cachets effervescents dans un verre d'eau.
- Buvez ça, ordonna-t-il.
Lara s'exécuta sans se faire prier.
- J'ai une de ces gueules de bois... gémit-elle.
- Je confirme.
- J'ai du mal à me souvenir de cette fin de soirée.
- Je me doute, Lara, je me doute. J'ai récupéré toutes les bouteilles vides.
Il haussa les épaules, flegmatique.
- A ce propos, il faudra refaire les réserves de brandy...
Lara eut un haut-le-coeur à la seule évocation de l'alcool. Sans se départir de son impassibilité, Winston lui tendit un autre médicament, contre la nausée.
- Merci, fit-elle après une grimace. Je vais prendre un bon bain.
- Je crois que c'est nécessaire, oui.
Il fit une petite révérence raide. Tout en lui respirait la désapprobation totale, et Lara se sentit fautive comme une petite fille prise la main dans le pot de confiture. Une fois son majordome parti, elle se glissa dans le bain chaud. Les yeux fermés, elle se laissa bercer, son esprit vagabondant tandis que les traitements post-ivresse faisaient effet. Elle tenta de se rappeler de la soirée de la veille. Elle constata mentalement qu'elle n'avait pas demandé de nouvelles d'Indy à Winston. Elle ne savait pas ce que son ami avait fait suite à... à... Elle se redressa soudain, faisant déborder la baignoire. Elle resta immobile, assise dans son bain, les yeux écarquillés, comme le film de la soirée lui revenait en mémoire. Les fou-rires, le baiser, le déshabillage et... le reste, qui était plus que flou.
- Oh, merde... gémit-elle, navrée.
Elle s'éjecta de la baignoire et enfila un peignoir. Elle dévala les escaliers principaux. Pas de trace d'Indy. Elle continua jusqu'aux cuisines, où elle trouva Winston. Avant qu'elle n'ait pu ouvrir la bouche, le vieux majordome la foudroya du regard.
- Remontez immédiatement vous habiller, fit-il froidement. Vous êtes indécente.
- Où est le docteur Jones ? demanda-t-elle, ignorant son intervention.
- Je vous ai donné un ordre, Lara.
- Eh, oh, c'est qui la patronne, ici ?
Winston leva un sourcil ironique. Lara se sentit complètement stupide : sortir une telle phrase à un homme aussi bon et fidèle que son majordome, qu'elle considérait comme son père. Elle se confondit en excuses, puis, se sentant de nouveau fautive, remonta dans sa chambre pour s'habiller.
Elle trouva Indy dans la bibliothèque. Il était assis à une table, une dizaine de livres devant lui, ses lunettes sur le nez, et surtout, une énorme cafetière de café chaud à portée de mains. Comme par miracle, il y avait deux tasses. Lara inspira profondément pour se donner du courage et rejoignit son ami. Elle s'installa en face de lui, souriante, et se servit aussitôt du café.
- Bien dormi ? demanda Indy.
- Je suppose. Je... ne me rappelle pas très bien. Juste des bribes... Notamment... Enfin, bon, je crois... je...
Lara se sentait confuse, ne sachant pas comment aborder le sujet. Elle évitait le regard direct de son ami et se perdait dans la contemplation de ton café, en silence.
- Nous n'avons pas couché ensemble, Lara, fit Indy, simplement.
Elle leva la tête, soulagée, et put enfin le regarder en face.
- Ah... Bien. C'est... C'est mieux.
- Oui, sans aucun doute.
« Soulagée, mon oeil, oui ! » pensa Lara. Elle but une grosse gorgée de café, ce qui lui donna aussitôt un bon coup de fouet.
- Nous avons beaucoup bu, continua Indy. L'alcool, l'ambiance, notre complicité... Ca a un peu dérapé.
- Ouais, c'est clair. Mais tu m'as quand même...
- Vue toute nue ? Oui, mais tu n'es pas la première femme nue que je vois. Ni la dernière, j'ose espérer.
- Oui, évidemment. C'est idiot comme pudeur.
Elle se remit à siroter son café en silence. Indy se replongea dans sa lecture.
- Ceci dit, reprit-il soudain, c'est un très joli tatouage. L'emplacement est pour le moins original, mais ça te va bien.
Lara recracha sa gorgée juste à temps pour ne pas s'étouffer.

***

Lara gara la Jaguar dans un parking souterrain du coeur de Londres. Un véritable déluge s'abattait sur l'Angleterre depuis la veille, sans une seule interruption. Même les flegmatiques anglais étaient rebutés par un tel temps, et les rues étaient désertes. Lara et Indy avaient quitté la chaleur du manoir à contre-coeur. Elle avait dû conduire très prudemment, la pluie battante formant un rideau quasiment opaque. Mais Indy avait insisté pour se rendre au British Museum, afin de mener sa propre enquête sur la mort de Walter Robson. Indy connaissait le musée encore plus que Lara, et ils parcoururent les immenses galeries d'un pas décidé, sans profiter des beautés exposées là. Ils arrivèrent devant l'entrée des bureaux administratifs, dans un coin moins fréquenté par les visiteurs, et tombèrent nez à nez avec un cordon de sécurité gardé par deux policiers en tenue. Indy s'avança d'un pas décidé.
- Je suis le docteur Indiana Jones, fit-il comme les deux agents le bloquèrent. J'aimerais voir le docteur Jacobi.
- Désolé, docteur, mais nous avons ordre de ne laisser passer personne.
- Très bien, alors allez prévenir le docteur Jacobi que son confrère veut le voir.
Les deux policiers se regardèrent, hésitants.
- Ou alors votre supérieur ? insista Indy.
Ils finirent par se mettre d'accord et l'un d'eux quitta son poste à la recherche de son chef. Indy retourna vers Lara, et ils attendirent, non loin du cordon de sécurité. Soudain, Lara se colla à son ami.
- Embrasse-moi vite ! souffla-t-elle.
- Hein ?
Indy eut à peine le temps de réagir que Lara écrasait déjà sa bouche contre la sienne. Ils s'embrassaient fougueusement quand une petite toux les interrompit : un homme gros et gras se tenait devant eux, à les regarder d'un air navré.
- Lady Croft, fit-il froidement. Que fais-tu ici ?
- Inspecteur McRiddell ! s'exclama Lara. Tu es l'officier en charge de ce drame ?
- Ouais, il paraît... Qui c'est ? demanda-t-il en désignant Indy du menton.
- L'éminent docteur Indiana Jones, répondit-elle. Un archéologue réputé, et mon futur mari.
- Mouais... Et que fais-tu là, sinon, Milady ?
- Mon fiancé voudrait voir le docteur Jacobi.
- C'est pas possible, désolé.
Il avait déjà opéré un demi-tour pour repartir, mais Lara ne se pressa pas pour répondre.
- Voyons, McRiddell... fit-elle calmement. Pourquoi faut-il toujours que tu me forces à sortir le même argument...
Le gros officier de police se raidit, puis se retourna lentement vers la jeune femme. Ses yeux étaient injectés de sang. Lara poussa son avantage.
- Tu me refuses l'entrée, je cours au Yard pour pleurer devant tes supérieurs, tu te fais virer dans l'heure et nous, nous voyons quand même Jacobi. Avec une heure de retard, certes, mais nous le verrons quand même. Ca va se passer comme ça, tu sais.
McRiddell soupira.
- Tu m'emmerdes, Croft.
- Tssss... Je suis une jeune fille délicate, McRiddell. Modère tes propos, s'il te plait. Je pourrais me mettre à pleurer. Au Yard.
- Ok, c'est bon !
Il se tourna vers ses deux agents.
- Laissez-les passer, mais surveillez-les !
L'inspecteur tourna les talons et partit. L'un des agents invita alors le couple à le suivre. Tout en traversant les couloirs de l'administration, Indy se pencha vers sa jeune amie.
- Tu veux bien m'expliquer toute la scène ?
- Ca fait dix ans que ce flic graisseux est amoureux de moi. Dix ans que nous nous croisons régulièrement sur des affaires, lui en tant que flic, moi en tant que... moi. Dix ans qu'il m'emmerde, quoi.
- Et ça fait dix ans que tu fais pression sur lui en le menaçant de te plaindre à sa hiérarchie ?
- Tu rigoles ? Je ne sais même pas qui sont ses chefs ! Je bluffe !
- Depuis dix ans ???
- Je n'ai jamais dit que McRiddell était intelligent.
Indy pouffa.
- Eh ben... C'est plutôt malin de ta part. Tiens, encore une question, tant que j'y pense : ça doit faire super mal, un tatouage à cet endroit, non ?

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