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L'âge de glace - Director's Cut

L'âge de glace - Director's Cut

L'âge de glace - Director's Cut, Prologue, par Pitoch, le 07 nov 2005.

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Prologue

Hurlant contre les éléments déchaînés, l'homme ordonna une halte. Il appela le chef des accompagnateurs, qui le rejoignit aussitôt.
- Dexter ! hurla-t-il pour se faire entendre malgré la tempête de neige. Nous allons monter le campement ici !
- Vous êtes fou ? répondit Dexter sur le même ton.
- Nous n'allons pas nous engager dans la grotte à l'aveugle ! Nous avons mis des années à trouver cet endroit, ce n'est pas pour faire une mauvaise chute à cause de l'obscurité !
- On ne tiendra jamais toute la nuit, Johnson !
- La tempête finira pas se calmer ! Montez les tentes !
- Nous ne pourrons pas ! Regardez le sol, il est couvert de neige ! Comment allons-nous ancrer les tentes ?
- Trouvez une solution !
- J'en ai une ! On monte le campement à l'abri de la grotte !
Hurlant des ordres, Dexter fit rentrer tous les hommes dans la grotte, puis leur ordonna de monter le campement. Johnson suivit et attrapa le bras de son interlocuteur.
- Nous ne savons pas ce qui se trouve dans cette grotte, Dexter, fit-il d'un ton inquiétant.
- Mais nous savons ce qui se trouve dehors ! répondit-il en désignant la tempête à l'extérieur.
Johnson se tût, se contentant de hocher la tête en signe de désapprobation. Dexter haussa les épaules et partit superviser le montage du campement.
Le lendemain matin, Johnson sortit de sa tente et s'étira pour assouplir ses muscles raidis. Un bref coup d'oil à l'extérieur le renseigna sur la météo : la tempête avait disparu. Il rejoignit Dexter, assis sur une grosse pierre, et regardant les quelques hommes déjà levés préparer le petit déjeuner. Il reporta son attention sur l'homme qui s'approchait. Il lui jeta négligemment son paquet de cigarettes. Johnson en prit une et s'assit à côté du mercenaire.
- Réglons le problème immédiatement, attaqua Johnson. Vous aviez raison, hier soir, et je vous dois notre survie.
- Pas de souci, vieux, répondit Dexter en écrasant son mégot sous son talon.
Une fois le petit déjeuner consommé, Dexter sépara l'équipe d'explorateurs en deux groupes. L'un pour rester à l'entrée de la caverne, l'autre pour les accompagner, Johnson et lui, dans l'exploration des profondeurs. Munis de lampes à huile, Dexter, Johnson et une dizaine d'hommes s'enfoncèrent dans les ténèbres de la caverne.
- Peut-être est-ce le bon moment de nous expliquer ce que l'on cherche dans cette caverne à l'autre bout du monde, demanda Dexter en marchant à côté du responsable de l'expédition.
- La vérité, cher ami ! répondit Johnson. Nous cherchons la vérité !
- Gardez ce genre de réponses pour votre cher président...
- Vous êtes américain, Dexter. Lincoln est aussi votre président. De toute façon, vous avez été payé, et plutôt grassement. C'est tout ce dont vous avez besoin pour avancer.
Après un bref silence, le mercenaire s'octroya un petit sourire complice.
- Ce n'est pas faux...
Avancer, c'est ce qu'ils firent pendant des heures qui leur parurent interminables. Ils débouchèrent afin dans une caverne souterraine. Immédiatement, ils se sentirent tous très mal à l'aise.
- Quelque chose m'inquiète... murmura Dexter. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus...
- Regardez les lampes ! s'exclama Johnson, soudain tout excité. Elles n'éclairent plus !
Bien qu'encore très brillante, la lumière des lampes semblait ne pas arriver à percer les ténèbres. Comme si l'obscurité était si grande qu'elle enveloppait même la lumière.
- Sorcellerie ! s'écria Dexter à voix basse, dans un souffle.
- Non, c'est plus que ça !
Johnson, de plus en plus excité, allait se lancer dans des explications quand un bruit assourdissant retentit dans la caverne.
- Qui êtes-vous ?
La terrible voix venait de surgir de derrière le groupe. Ils se retournèrent tous dans un même élan. La lumière combinée de toutes les lampes à huile réussit enfin à percer suffisamment les ténèbres pour dévoiler une partie de la caverne.
- Sainte Marie, Mère de Dieu... gémit Dexter au milieu des hurlements de terreur de ses compagnons.
- C'était donc vrai ! s'exclama Johnson. Tout est vrai !
Sa tête, violemment arrachée de son corps, roula au pied du mercenaire en chef. Aux hurlements de terreur s'ajoutèrent bientôt les hurlements de douleur. En l'espace d'un instant, la caverne redevint silencieuse.

Le jeune homme était émerveillé. Ravi. Pour la première fois de sa vie, il venait de poser le pied sur le sol américain. A New York, pour être précis. Il était conscient que voir la ville qui ne dort jamais à vingt ans était une chance extraordinaire, et il goûtait son plaisir sans retenue. Comme le taxi lui faisait traverser la mégapole, il se collait à la vitre, admirant la Statue de la Liberté, l'Empire State Building, Manhattan... Il admira également la nouvelle ouvre architecturale qu'était le World Trade Center, haut lieu de l'économie américaine fraîchement terminé. Le jeune étudiant européen était encore tout émerveillé lorsqu'il pénétra sur le campus de la prestigieuse université de l'état de New York. Il se présenta à la réception et frappa poliment à la vitre. Une jeune femme arriva quelques minutes plus tard.
- Je peux vous aider ? demanda-t-elle.
- Oui, j'aimerais. Je cherche le bureau du Professeur Jones. Henry Jones.
- Vous avez rendez-vous ?
- Oui et non. En fait, je lui ai envoyé une lettre il y a quelque temps, mais comme il n'y répondait pas, je suis venu. De très loin, insista-t-il.
- Je vais voir ce que je peux faire. Vous êtes ?
- M. Werner Von Croy.
La jeune réceptionniste s'enferma dans son bureau. Elle n'en sortit que cinq bonnes minutes plus tard.
- Allez dans l'aile Ouest, et entrez dans le bâtiment « Histoire », expliqua-t-elle. C'est le bureau quatorze, à gauche.
- Merci, vous êtes bien aimable.
Le jeune Von Croy traversa le campus. Heureusement, il faisait un temps superbe, et il trouva la ballade au milieu des arbres et des parcs très agréable. Qui plus est, cette bonne marche le calma, lui faisant un peu oublier son stress et son excitation. Il entra finalement dans le bâtiment « Histoire » et frappa timidement à la porte du bureau estampillé quatorze. Il perçut un marmonnement qu'il prit pour une invitation à entrer, et ouvrit la porte. Il se trouva face à un véritable capharnaüm. Colonnes de livres et entassements de papiers et de dossiers divers se disputaient le moindre centimètre carré. Tout semblait en désordre et pourtant, le jeune homme y décela comme un semblant d'organisation. Il reporta enfin son regard sur le vieil homme barbu assis à son bureau. Il était en train d'écrire quelque chose, et n'avait pas levé la tête à l'entrée de Von Croy. Celui-ci continua donc son analyse des lieux, n'osant interrompre le « Maître ».
- Vous désirez, jeune homme ? demanda enfin le vieux professeur, sans lever les yeux de son papier.
- Je... je... bafouilla-t-il. Bonjour, professeur Jones, je suis ravi et impressionné de vous rencontrer enfin. Je... (il hésita, comme le vieil homme semblait l'ignorer) m'appelle Werner Von Croy, professeur. Je suis étudiant en histoire à Amsterdam, et...
Il s'interrompit. Après de longues minutes de silence, le professeur posa son crayon, se redressa, retira ses petites lunettes et regarda enfin pour la première fois le jeune homme. Il désigna vaguement une chaise. Von Croy s'y assit aussitôt.
- Donc je suis étudiant en histoire à Amsterdam, reprit-il, et je suis passionné d'archéologie, tout comme vous. Dans le cadre d'un mémoire que je dois rédiger, je me suis intéressé à une histoire peu commune, et j'aimerais votre avis, voire votre aide.
- Continuez...
Tout excité, l'étudiant prit sa mallette et en sortit un énorme dossier, donc plusieurs feuillets profitèrent de l'aubaine pour s'enfuir. Il les rattrapa, se calma et prit une vieille photographie jaunie, qu'il tendit à Jones.
- Pas toute jeune, cette image, fit le professeur en la regardant. Qui est-ce ?
- Il s'appelait Clive Johnson. Né en 1821 ici même, à New York. Mort 40 ans plus tard, en 1861.
- Dans des circonstances mystérieuses, je suppose ? S'il était mort d'une bronchite, vous ne seriez pas là, jeune homme.
- En effet. En 1860, le président Lincoln, fraîchement élu président des Etats-Unis, donna son feu vert à une expédition dans le Nord, probablement au Groenland, voire en Islande.
- C'est plutôt vague... Ensuite.
- Cette expédition était une expédition d'exploration, selon les textes que j'ai pu rassembler. Néanmoins, elle fut confiée à Clive Johnson, spécialiste des sciences occultes de l'époque. De plus, mis à part les quelques membres officiels, l'expédition était composée de mercenaires, menés par un ancien bagnard, Alan Dexter.
- Vous en concluez ?
- Que Johnson a réussir à convaincre Lincoln de l'existence de quelque chose de suffisamment extraordinaire pour lancer une expédition de grande envergure, plutôt rare il y a un siècle !
- Et ce « quelque chose » ? demanda le vieux professeur.
- C'est là où vous intervenez. J'ai besoin de vos connaissances et de vos différentes ouvertures pour creuser. Je sens le gros coup !
- Vous restez longtemps ici ?
- Hélas, je repars immédiatement. J'ai un faible budget.
- Bien, alors laissez-moi votre dossier, et je vous re-contacte dès que j'en sais plus.
Ivre de joie, Von Croy bondit de sa chaise pour serrer la main du vieux professeur.
- Merci beaucoup, vous ne le regretterez pas ! s'écria-t-il.
Le jeune homme déposa son dossier sur le bureau et s'appréta à sortir, sans cesser de se confondre en remerciement. Ouvrant la porte, il se heurta à un homme qui entrait à ce moment-là. Il s'excusa et partit en hurlant de joie. Le nouvel arrivé le regarda s'enfuir en courant avec un sourcil levé.
- Intéressant jeune homme... fit-il en refermant la porte derrière lui.
- Oui, fit le professeur Jones. Un étudiant européen... Marcus, tu tombes bien, je voulais te voir.
- Oui, je m'en doutais. Juste avant, tu ne veux pas me dire ce que cet étudiant te voulait, Henry ?
Le professeur regarda le dossier que Von Croy avait déposé sur son bureau.
- Une histoire d'expédition qui a mal tournée, répondit-il.
Il saisit le dossier et le jeta dans une pile, derrière lui.
- Strictement aucun intérêt...

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