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L'âge de glace - Director's Cut

L'âge de glace - Director's Cut, Chapitre 20, par Pitoch, le 1er avril 2006.

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Chapitre 20

- J'ai beaucoup réfléchi à cette histoire, fit Kurtis en marchant dans la pelouse, le long du manoir.
- Oui, c'est normal.
- Et je me suis posé une grande question : pourquoi ?
- Pourquoi ?
- Oui. Pourquoi l'assistant de Lorsenn trahit-il son patron et accessoirement un Dieu puissant ?
- Fortune et gloire, ils sont tous pareils... Tu peux y ajouter la quête du pouvoir.
- Le pouvoir ? Le pouvoir sur quoi ? Un monde dévasté, détruit, dépeuplé? Non, c'est autre chose. Il ne veut pas nous empêcher d'atteindre les artefacts pour que Fenryr puisse s'échapper.
- Je veux bien que tu développes... Si ce n'est pas pour laisser Fenryr s'échapper, pourquoi Tête de Fouine tente-t-il de nous empêcher d'atteindre les artefacts ?
- Pour nous faire croire qu'il veut que Fenryr s'échappe !
Indy se tourna vers lui, sceptique.
- Donc, pour toi, Tête de Fouine veut en fait qu'on réussisse à tisser la corde ?
- Oui, exactement !
- Où est l'intérêt ?
Kurtis se contenta de le regarder en souriant, attendant que l'éminent docteur Jones arrivât à la même conclusion que lui. Ce fut rapide : les yeux d'Indy s'écarquillèrent sous le choc.
- Ce n'est pas une corde pour retenir Fenryr, mais c'est une laisse ! Tête de Fouine veut prendre le contrôle du Géant !
- Exactement.
- Mais... C'est impossible pour un humain !
Kurtis afficha un nouveau sourire, mais sans parler.
- Lorsenn... finit par souffler Indy.
- Oui. Loki est fourbe, non ? Il reste comme le gentil en Asgard, mais contrôle tout afin de récupérer son fils et de s'en servir.
- Ainsi, le rôle de Tête de Fouine serait uniquement de nous mettre la pression pour trouver les artefacts, tout en ayant l'air de réellement vouloir nous en empêcher.
- Malin, non ?
- Très. Tellement que je me demande comment tu as pu arriver à cette conclusion aussi vite...
- Par « aussi vite », je suppose que tu veux dire « avant moi » ?
Indy haussa les épaules.
- Tête de Fouine va multiplier les attaques, si tu as raison... Mon dieu, Lara !
Sans hésiter, ils se mirent à courir dans le manoir, entrant par la cuisine. Ils se ruèrent dans le salon, puis dans le hall d'entrée, où ils découvrirent en même temps l'ampleur du drame. Lara était allongée par terre, non loin de Bryce. Le jeune homme baignait dans une mare de sang. Winston, quant à lui, était assis sur une chaise, ligoté et ensanglanté. Les deux hommes se précipitèrent. Indy se jeta aux pieds de Lara et la souleva délicatement afin de lui palper le pouls.
- Vivante, conclut-il à haute voix. Juste inconsciente.
Il se tourna vers Kurtis, penché au-dessus de Bryce. L'aventurier se contenta de secouer la tête, de droite à gauche. La gorge d'Indy se serra immédiatement, mais il se força à refouler son chagrin. Il prit Lara dans ses bras, tendrement. Kurtis s'approcha de Winston et grimaça : le vieux majordome avait été torturé sans aucune pitié. Son torse nu, ainsi que ses bras et ses jambes étaient couverts de plaies béantes. Il avait tous les doigts cassés et les orteils écrasés, visiblement avec une masse. Son visage n'était que contusions et douleurs. Kurtis s'empara aussitôt de son téléphone portable.
- Il est vivant ! expliqua-t-il à l'attention d'Indy. Allô, Police Secours ? Cambriolage avec homicides, deux victimes, l'une est encore vivante. Manoir Croft. Vite !
Il raccrocha. Maintenant impuissant, ayant fait ce qu'il pouvait faire, il se tourna vers Indy, les épaules affaissées. Celui-ci tenait toujours Lara dans ses bras, tentant de la ramener doucement à la conscience.
- Le retour a la réalité va être très dur... commenta Kurtis.
Indy serra les dents, les larmes aux yeux. Lara ouvrit alors les yeux. En pleine confusion, elle mit quelques secondes pour revenir totalement à la réalité. Des larmes jaillirent alors de ses yeux et elle se mit à hurler.

***

Indy descendit les escaliers lentement. Il avait les traits tirés et paraissait épuisé. Kurtis, qui surveillait le travail des ambulanciers s'approcha de lui.
- Alors ?
- Je lui ai fait prendre un calmant, dit Indy. Elle a fini par s'endormir d'épuisement. De ton côté ?
- La police veut nous parler. J'ai préféré t'attendre avant de répondre. Les médecins sont assez optimistes sur l'état du majordome, il devrait sans sortir. Mais ils n'avaient jamais vu un tel degré de torture...
Indy serra les poings : le chagrin avait fait place à la colère.
- Pourquoi ? finit-il par dire.
- Dur à dire. Tête de Fouine n'a visiblement aucune limite dans le sadisme.
- Lara le tuera, quoiqu'il arrive...
- Certes, acquiesça Kurtis. J'avoue me perdre un peu en conjonctures. Tête de Fouine prend-il des initiatives seul, ou tout est contrôlé par Lorsenn ?
- Tu es glacial, Trent... tu ne ressens jamais d'émotions ?
Kurtis le regarda droit dans les yeux.
- Il faut bien que quelqu'un continue à garder la tête froide.
- Pas au point de devenir un cynique calculateur en de telles circonstances.
Trent alla pour répondre quelque chose, mais se ravisa.
- Ne créons pas de dissensions entre nous, dit-il plutôt. Je m'excuse si je t'ai paru insensible au drame.
Indy le dévisagea un long moment en silence.
- Je n'arrive vraiment pas à te cerner... finit-il par dire. Qui es-tu vraiment ?
Un policier en civil s'approcha alors, sauvant Trent d'une réponse qu'Indy imaginait difficile à énoncer. Il reporta son attention sur l'arrivant : Indy l'avait déjà vu au British Museum.
- Inspecteur principal McRiddell, Scotland Yard, fit le bedonnant policier.
- Je suis le docteur Indiana Jones, et voici Kurtis Trent. Nous sommes des amis de Lady Croft.
- Je sais, je sais... (il sortit son calepin officiel et se mit à le feuilleter) Amis, certes, mais depuis peu, surtout pour vous, monsieur Trent.
- Ca n'empêche pas la sincérité des sentiments, il me semble, répondit Kurtis.
L'ironie était évidente, mais l'inspecteur sembla l'ignorer.
- C'est possible, évidemment. Auriez-vous, par hasard, une idée sur qui est responsable de ce... de ça ? Des ennemis connus ?
- Non, aucune idée, mentit Indy.
- Qui pourrait en vouloir à une aristocrate anglaise sans histoire ? renchérit Kurtis, qui suivit le plan intrinsèque d'Indy.
- Tout à fait. Alors il faut se tourner vers les victimes... Peut-être que le gosse... (il se tapota la narine, dans un geste parfaitement explicite) Il tapait dedans, non ? De grosses dettes, peut-être, à cause de ça ?
Indy sentit une monumentale colère monter en lui, du genre de celle qui pouvait entrainer une bagarre générale dans le hall d'entrée du manoir. Il se força au calme, évitant soigneusement de répondre à la provocation du policier.
- Je ne pense pas, non, répondit-il froidement. Et je vous prierez de respecter le deuil.
- Bien sûr, excusez-moi. Toutes mes condoléances, bien sûr. Mais quand même, cette affaire est étrange... Peut-être le majordome, alors ? Pour être torturé à ce point, il a dû bien dû énervé quelqu'un, non ? Après tout, il vit seul avec miss Croft depuis qu'elle est toute petite... Une fillette, un vieil homme, seuls... Pensez-vous que sous ses abords de majordome respectable, il était du genre à trafiquer les petites filles ?
Indy repensa à Winston, horriblement mutilé, mais courageux jusqu'au bout. Il repensa à l'incroyable amour que lui portait Lara, amour réciproque. Il repensa à tout ça, et sa rage remonta si vite et si fort qu'il ne put la retenir. Sans un mot, il écrasa violemment son poing fermé sur le visage de l'inspecteur. Il l'envoya au tapis en un coup, le nez explosé.
- Arrêtez-le !! hurla-t-il.
Aussitôt, deux policiers en uniforme maîtrisèrent Indy sans ménagement. Il se laissa faire, les yeux toujours rivés sur l'inspecteur. Kurtis l'aida à se relever et, ce faisant, lui montra un petit objet qu'Indy ne put apercevoir. Mais il vit l'effet produit sur McRiddell : il regardait l'objet fixement, le nez en sang, le visage pâle. Kurtis rangea l'objet dans sa poche.
- C'est bon, relâchez-le, finit par dire l'inspecteur. On remballe, j'ai un rapport à taper !
Il sortit, un mouchoir sur le nez, suivi par les policiers. Quelques minutes plus tard, plusieurs véhicules repartirent sur Londres toutes sirènes hurlantes. Durant tout ce temps, Indy et Kurtis ne s'étaient pas échangés un mot.
- Ca va ? finit par demander Kurtis.
- Montre-le moi.
- Quoi ?
- L'objet qui a tant impressionné ce flic.
- Oh... Ce n'est pas grand chose, vraiment. C'est tout bête.
- Montre-le moi, s'il te plait.
Kurtis fit un grand sourire, qui n'était joyeux qu'en apparence.
- N'insiste pas, s'il te plait.
Indy sortit son revolver et le braqua sur le jeune homme.
- Oh si, j'insiste ! Depuis le début, je te fais confiance aveuglément, Trent. Et peut-être maintenant me dis-je que j'ai tort, et que Lara avait raison. Montre-moi cet objet.
- Très bien, si tu y tiens...
Kurtis plongea la main dans sa poche et en sortit l'objet. Indy le regarda, abasourdi.
- C'est une blague ? finit-il par articuler.
- Ca en a l'air ? répliqua aussitôt Trent.
Indy baissa son arme et se laissa tomber sur un des canapés.
- Quel bordel ! gémit-il.
Kurtis rangea l'objet et sourit.
- Mais non, on va y arriver. Ca ne change rien, je te jure. Que comptes-tu faire, maintenant ?
- Protéger Lara, évidemment !
- Tu penses que Tête de Fouine pourrait revenir ?
Indy eut un sourire sardonique.
- Il nous faut protéger Lara d'elle-même. Si on échoue, c'est Tête de Fouine qu'il faudra protéger !
- Pas faux...
- Faut que je me noie dans quelque chose, là... Whisky ?

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