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L'école - Director's Cut

L'école - Director's Cut, Chapitre 4, par Pitoch, le 12 octobre 2006.

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Chapitre 4

De l'autre côté de l'Atlantique, Indiana Jones entra lui aussi dans un taxi. Il demanda la direction de l'université de West Point, au nord de New York, où il possédait un petit bureau gracieusement offert par le recteur, tout content de voir une telle sommité revenir aux Etats-Unis. En effet, après l'aventure de l'Assemblée et la destruction partielle de l'université de Bombay, Indy avait quitté son poste en Inde pour reprendre sporadiquement son enseignement à West Point. D'autant qu'il y gardait de nombreux contacts, ainsi que de nombreux amis. Mais il ne venait pas pour les voir. Ni pour donner des cours. Il venait demander de l'aide à la seule personne capable de lui en donner. Qui se trouvait de plus être la seule personne capable de la lui refuser. C'est donc pratiquement à contre-coeur qu'il frappa à la porte du bureau et qu'il entra.
Le locataire des lieux leva les yeux de son travail. Il regarda fixement le nouvel arrivant au travers de ses petites lunettes rondes.
- Bonjour, père, fit Indy en prenant une chaise devant le bureau.
Le vieil homme le regarda s'asseoir, puis s'adossa à son fauteuil. Il retira ses lunettes et entreprit de nettoyer les verres lentement.
- Junior... finit-il par lâcher, sur un ton mi-surpris, mi-ironique.
- Indiana, en fait, père... Je constate que vous allez l'air en forme.
- Combien de temps ?
- Quinze ans, au bas mot.
- Quinze ans... Quinze années à éviter ton propre géniteur...
- Quinze ans à être très occupés chacun de notre côté.
- Sans téléphone ?
- Père, je pense que nos relations ont toujours été plus ou moins distantes... Surtout à cause du Graal.
- Ne relançons pas cette conversation du zeppelin !
- Certes. Mais peut-être faudra-t-il la finir un jour, même soixante-dix ans plus tard !
Ils restèrent un moment silencieux, à se regarder. Indy était assez gêné.
- Tu as besoin de moi, Junior ? finit par dire Henry.
- C'est possible, oui... Un vol a été commis à la bibliothèque de New York.
- Oui, exact, je m'y suis intéressé d'un oeil.
Il attrapa un papier déchiré, découpé dans le Times. Il réajusta ses petites lunettes rondes et parcourut la coupure de presse.
- C'est bien ça, un livre... Pas de quoi casser trois pattes à un canard...
Il jeta un regard sur son fils par-dessus ses lunettes : Indy affichait un petit sourire narquois. Un air qu'il connaissait bien.
- Un gros morceau ? demanda Henry.
- Oui, père. Certainement plus gros que ce que je peux déjà en voir !
- Ok, Junior, tu as toute mon attention !
- C'est Indiana... Plusieurs bibliothèques ont été cambriolées en même temps.
- En même temps ? Etonnant... Quel lien as-tu trouvé ?
- Pour l'instant, aucun. Je sais juste qu'il s'agit d'un livre sur le Diable, volé à Tokyo, et un recueil de cartes d'Europe annotée, volé chez Lara.
- Lara ? Ta femme du moment ?
- Non, père, du tout. Lara Croft, une jeune archéologue.
- Croft ? Croft... Elle possède en manoir en Angleterre ?
- Euh, oui... Vous la connaissez ?
- Non.
Henry Jones était soudain assez sec. L'espace d'un instant, Indy vit dans les yeux de son père une sorte d'amertume et de colère contenue. Puis son regard se ralluma, retrouvant la petite étincelle de passion qu'Indy avait souvent vu à la fin des années 30, lors de la quête du Graal.
- Donc tu commences par rechercher quels livres ont été volés...
- Evidemment père... Pour trouver un lien.
- C'est bien, fils, c'est une bonne idée. Tu viens me voir au cas où je sache déjà quel livre a été volé ici...
- Exactement.
- Tu as de la chance, je me suis en effet déjà renseigné.
- Je n'en attendais pas moins de vous, père. Alors ?
Henry s'appuya contre le dossier de son fauteuil lentement, comme le vieux pacha irascible qu'il était : il ménageait son effet. Indy le laissa faire en silence, attendant patiemment la fin de la « représentation ». Le vieil homme reprit enfin.
- Il s'agit d'un... du....
Il s'interrompit et fronça les sourcils. Puis il haussa les épaules.
- Zut, j'ai oublié... soupira-t-il.

***

La bibliothèque de New York1 qui avait été victime du vol se trouvait sur la célèbre 5ème avenue, dans Manhattan. Le bâtiment était connu pour sa façade ouvragée mais surtout pour les deux majestueuses statues représentant des lions couchés qui encadraient la volée de marches menant à l'entrée. C'était un lieu touristique, et nombre de visiteurs photographiaient la somptueuse architecture. Les Jones, père et fils, connaissaient bien cette bibliothèque. Sans être pour autant blasés, ils entrèrent d'un pas décidé dans l'édifice.
- Tu seras surpris d'apprendre qui travaille ici en ce moment, Junior, fit Henry tout en marchant dans les couloirs. Il est en pleine recherche, il... il n'a pas pu s'empêcher de boire le reste d'eau...
- Je sais, père, j'en avais entendu parler. Je l'avais même revu dans les années soixante-dix.
Ils arrivèrent dans la zone des bureaux privés. Henry frappa à la porte de l'un d'eux et entra d'autorité. L'homme qui y travaillait, penché sur des livres, releva la tête à cette intrusion. Son visage s'éclaira lorsqu'il vit Indy entrer. Il se leva précipitamment.
- Indiana ! s'écria-t-il joyeusement en se jetant dans ses bras.
- Mon vieux Marcus ! Mais regarde-toi, tu es magnifique !
- Arrête, je suis un vieux singe rhumatisant. Comment tu vas ? Toi, tu as une mine superbe ! Ton blouson en cuir et ton Stetson ?
- Je les ai toujours, bien sûr !
- Ah, je suis si content de te voir !
Le vieux Marcus Brody avait l'air sincèrement ému. Avant de fondre en larmes, il se détourna et se précipita sur une bouteille de Brandy. Il servit trois bonnes rasades et tendit les verres.
- Alors, quelle énorme histoire nécessite le travail conjoint du père et du fils ? demanda-t-il.
- Pour l'instant, ce n'est pas une histoire. C'est une suspicion. Une simple enquête.
- Et en quoi puis-je t'aider, Indiana ?
- En me disant quel livre a été volé il y a dix jours ici même.
- Tu vas être déçu. Un bel ouvrage, mais d'une valeur marchande toute relative. Il valait 10.000 dollars. Belle somme, j'en conviens, mais quand tu réussis à voler un tel lieu, tu prends les ouvrages qui valent cent fois plus !
- Je n'ai jamais dit que c'était sa valeur qui m'intéressait. Je veux son titre et son auteur, surtout.
- On a volé une Bible.
- Une Bible ? s'étonna Indy.
- Oui. Une édition du 16ème siècle. En français, car traduite par Lefèvre d'Etaples. Le seul intérêt de cet ouvrage particulier sont les annexes qu'il a rajouté, collectées dans différents monastères des pays de l'Est de l'Europe.
- Europe de l'Est... murmura Indy, pour lui-même.
- Ca affine la raison du vol commis chez Croft, intervint Henry.
- Oui, père, et ça concorde avec l'oeuvre volée à Tokyo sur l'histoire du Diable.
- Son retour ? En Europe de l'Est ?
- Pas forcément. Peut-être a-t-il laissé quelque chose là-bas, un artefact puissant, par exemple... Ses ailes d'Ange déchu, par exemple ! Près de soixante-dix ans après le Graal, on revient à la mythologie chrétienne.
- Il ne s'agit pas de retrouver la Sainte Relique cette fois, Junior...
Henry, visiblement troublé, retira ses petites lunettes cerclées et se signa lentement.
- On n'affronte pas le Malin comme ça, Junior. Tu vas avoir besoin de mon aide.
- J'accepte volontiers, Père. Et mon prénom est Indiana.

***

Depuis plus d'une heure, Lara passait d'un train à un bus, d'un bus à un train, pour finir dans une rame de métro, dans le but de rejoindre la bibliothèque de Paris. Excédée par la chaleur et la foule, impatiente, nauséeuse à cause de l'explosion, gênée par son audition amoindrie, elle ruminait des pensées sombres. Elle s'était changée dans des toilettes publiques et s'était jetée dans un train de banlieue qui devait aller vers Paris. Elle avait dû batailler pour trouver le bon parcours et ainsi ne pas faire trois fois le tour de la capitale. Elle était maintenant sur la ligne quatorze, qui la menait vers son but. Epuisée, elle finit par se détendre et par somnoler.
La bibliothèque François Mitterrand était un ouvrage superbe, moderne et original. Lara admira l'édifice à la sortie du métro, avant d'entrer par la première porte officielle. La première réflexion qu'elle se fit, c'est que rien ne ressemblait plus à une bibliothèque qu'une autre bibliothèque. Elle s'approcha du guichet d'accueil. La jeune hôtesse l'accueillit avec un immense sourire engageant. Voilà qui changeait de l'employée de Banks !
- Bonjour madame, fit l'hôtesse en français.
- Bonjour, répondit Lara. Je cherche la partie... Histoire, s'il vous plait.
- Vous y êtes, madame.
- Oh... Parfait. Alors j'aimerais parler à un responsable, s'il vous plait.
- Bien sûr, de la part de qui ?
- Lady Lara Croft, du British Museum de London.
- Si vous voulez bien patienter...
L'hôtesse lui désigna une banquette, que Lara investit aussitôt avec bonheur. Elle se remit rapidement à somnoler, mais en réfléchissant cette fois à toute cette histoire. Après des mois d'inactivité, elle se retrouvait à parcourir le monde pour foncer dans des bibliothèques. Après celle du Vatican, puis celle de Tokyo, elle attendait patiemment dans celle de Paris. Elle se surprit à penser à Indy et à sa façon de voir l'archéologie. Beaucoup plus scientifiquement qu'elle, déjà, c'était évident. Elle continua à dérouler mentalement son aventure : Banks, sa chinoise... l'attentat au taxi piégé. Et maintenant, elle était prête à découvrir un nouvel élément du puzzle. D'ailleurs, pourquoi « Histoire » ? Elle l'avait dit naturellement, presque sans hésiter. Etait-ce si logique ? Après tout, d'après ce qu'ils savaient déjà, c'était plutôt vers l'ésotérisme qu'il fallait se tourner. Pourquoi « Histoire » ?
- Lady Croft ?
La voix la fit sursauter. Elle se réveilla et se leva.
- Excusez-moi, Milady, je ne voulais pas vous faire peur, fit l'homme face à elle.
- Je vous en prie.
L'homme, d'une quarantaine d'années, très distingué, parlait un très bon anglais, juste entaché d'une pointe d'accent français. Mais Lara apprécia d'emblée sa politesse, son attitude engageante et son effort pour parler anglais.
- Voulez-vous me suivre dans mon bureau, Milady ?
- Volontiers. Ca ne sera pas long.
Il la guida jusqu'à la partie administrative du bâtiment, puis la fit entrer dans son bureau.
- Puis-je vous offrir quelque chose à boire, Milady ?
- Non, merci, je ne reste pas.
Lara sentait l'homme très gêné. Il était visiblement tiraillé entre sa courtoisie envers elle et sa suspicion bien légitime. Sûre de son fait, elle décida de le délivrer de son dilemme.
- Vous pouvez appeler le musée pour vérifier, si vous voulez, dit-elle. Demandez le conservateur John Curtis.
L'homme ne réagit pas tout de suite, mais Lara le sentit soulagé. Il s'assit à son bureau et décrocha son téléphone, lentement.
- Comprenez bien que ce n'est pas une insulte envers vous, Milady. C'est la procédure.
- Je comprends tout à fait, vous pouvez y aller !
John Curtis était le conservateur de la partie orientale du British Museum. Rien à voir avec l'Europe, donc, mais il connaissait bien Richard Croft, et donc également sa fille. Il était également réputé pour sa discrétion et son flegme. Lara ne prenait pas trop de risques : Curtis validerait sa démarche sans poser de question ni laisser paraître son étonnement. Le responsable raccrocha le téléphone, visiblement très satisfait.
- Excusez-moi encore, dit-il. Que puis-je faire pour vous, Milady ?
- Mon père, Lord Croft, possède une très belle collection d'ouvrages rares et anciens. Or, un de ces livres m'a été dérobé. Et je crois savoir que vous avez subi la même mésaventure.
- En effet...
- Pourriez-vous me dire quel livre vous a été volé ?
- Son titre ? « Dacie, Valachie, Transylvanie et Moldavie ».
- C'est le titre ? s'étonna Lara.
- Oui. Ce sont les provinces de l'actuelle Roumanie. Le livre traite de l'histoire de ces provinces. De la construction de la Roumanie, en fait.
Lara resta silencieuse, un temps abasourdie. Puis elle se leva, aussitôt imitée par le responsable. Il la raccompagna jusqu'à la sortie, et elle prit congé, satisfaite de son succès. Il ne lui restait plus qu'à rentrer chez elle, pour se reposer et retrouver les autres. Elle s'étira, puis s'approcha d'un homme en train de lire un journal, appuyé contre un mur.
- Bonjour ! dit-elle en français.
L'homme, étonné, lui répondit en hochant la tête.
- Est-ce que vous pouvez me dire si on parle encore du vol, dans le journal ?
L'homme la regarda en souriant.
- Vous ne parlez pas un mot de français, n'est-ce pas ? Et pourtant vous lisez un journal local...
L'homme fit « oui » de la tête. Ils se sourirent mutuellement. Soudain, Lara lança son poing, frappant l'homme en plein visage. Il poussa un cri et se mit à gesticuler de douleur, en se tenant le nez à deux mains.
- Voilà ce que tu vas dire à ton patron, bonhomme, fit-elle en anglais, et très sérieusement. Tu vas dire à Banks que ses milliards ne me font pas peur. Que ses méthodes ne m'impressionnent pas. Et que s'ils continuent à m'envoyer des handicapés de la filature dans ton genre, ce n'est plus le nez que je vais leur exploser, mais autre chose. Compris ?
L'homme acquiesça et s'enfuit. Maintenant débarrassée de son ange-gardien, Lara put prendre un taxi pour retourner à Roissy. De là, elle pourrait prendre un vol pour Londres et retrouvait son lit douillet, que Winston n'aura pas manqué de préparer. Bref, oubliées, les histoires de Diable et de Roumanie : elle ne pensait maintenant qu'à dormir.

1. New York Public Library - Humanities and Social Sciences Library.

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