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Tomb Raider : Lethal Secrets

Tomb Raider : Lethal Secrets, Chapitre 4, par Keviouk, le 27 mai 2007.

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Chapitre 4 - Vous semblez distraite, Lady Croft !

Suite à cet enchaînement précipité d'événements, Lara paraissait absorbée par sa nouvelle mission au point d'en avoir oublié de prévenir Winston que tout allait bien et de demander des nouvelles de cet étrange cambriolage. Aucune question n'avait encore eu l'opportunité de s'immiscer dans son esprit tourmenté.
Mais de son côté, Winston se faisait un sang d'encre : pas une seule nouvelle de sa petite protégée et maîtresse de maison, et ce depuis bientôt 24 heures. La police avait passé le manoir au peigne fin afin d'y découvrir quelque trace pouvant trahir les ravisseurs, mais sans succès, ce qui ne surprit aucunement le vieil homme. Celui-ci guettait à proximité du téléphone, faisant des allers et retours entre ce dernier et la fenêtre donnant sur l'imposante grille d'entrée. D'innombrables questions se bousculaient dans sa tête habituellement ordonnée et lucide, et avec les heures grandissait sa nervosité. Le fait que Lara eût été brutalement interrompue lors de leur conversation téléphonique ne le rassurait guère. De plus, il avait cru déceler au loin un cri étouffé provenant de la jeune fille elle-même, suivi d'un moteur démarrant précipitemment, et cela avant que le portable ne fût brutalement éteint.
Tout à coup, comme si Dieu avait mis sa prière en file d'attente et que son tour d'être exaucée était enfin arrivé, le téléphone sonna. Winston, malgré son âge avancé, se précipita vivement dessus et décrocha :
- Allo? dit-il d'une voix tendue.
- Winston, c'est bien vous?
Son sourire plein d'espoir disparut. Il ne s'agissait pas de la voix de Lara. Le vieil homme répondit faiblement :
- Oui, qui est à l'appareil?
La fille à l'autre bout du fil se présenta brièvement et s'assura que tout allait bien du côté de Winston.
- Je m'occupe de Lara, ne vous inquiétez pas. Je peux vous promettre qu'elle va bien et que vous aurez de ses nouvelles d'ici peu. J'ai son portable. Je vous informerai de la situation dès que je l'aurai retrouvée, mais j'ai ma petite idée sur le sujet. Lara m'avait appelée avant de partir au Vietnam. Elle m'a parlé de cette mystérieuse découverte qui m'a l'air forte intéressante, ma foi. Cela dit, je me suis renseignée à propos de l'association dirigée par Caroline Satilana. Je ne la trouve pas très nette.
- Comment cela? demanda Winston, intrigué.
- Je n'ai pas le temps de vous expliquer. J'ai loué un 4x4 et je fonce à la recherche de Lara. A bientôt Winston, et ne vous en faites pas trop.
- Merci mon enfant. Soyez prudente.
Winston raccrocha, presque entièrement soulagé. Il savait désormais que Lady Croft était entre de bonnes mains, et se dirigea vers la cuisine pour se préparer une tasse de thé bien méritée.

Lara avait posé sa lampe-torche ainsi que celle de Kev côte à côte sur le sol afin que celles-ci couvrent tout le couloir de leur lueur vive. Elle avait cependant conservé son sac et ses pistolets, sait-on jamais...
Elle se concentra, prit son élan et fonça comme si sa vie en dépendait. Et à vrai dire, c'était le cas. Elle plongea vers l'avant, culbuta et enchaîna par une roue suivie d'un salto et d'un dernier saut latéral retourné, se faufilant entre les flèches avec une souplesse fascinante. Elle se retrouva sur l'une des plateformes rétractile qui disparaissait déjà dans le mur, sauta sur la suivante qui en sortait, et sprinta, frôlée à chaque fois de près par l'une des lames se balançant en fendant l'air d'une rapidité et d'une violence imperturbable. Arrivée au levier, elle l'abaissa avec détermination, et tous les pièges s'immobilisèrent, les grandes dales sortant toutes les deux du mur, complètant le couloir désormais parfaitement continu et dégagé. La petite porte à côté de Lara s'ouvrit.
Kev en était resté bouche bée. Il saisit les deux lampes torches, sa mallette, et rejoignit sa camarade archéologue. Si la grotte où se trouvait le temple était immense, cette salle-ci était carrément gargantuesque! Cependant, rien ne s'y trouvait, hormis quelques petits lacs et une énorme ouverture dans le fond à droite. Le calme était absolu, à part peut-être un ronronnement lointant dont on avait du mal à repérer nettement la provenance. Mais Lara se rendit vite compte qu'elle avait omis quelques détails lors de son premier coup d'oeil : des longues fresques encore lisibles étaient peintes le long des parois, et à l'autre bout de la pièce se trouvait un socle de taille ridiculement petite.
Elle prit quelques instants à lire les peintures ornant la salle. Lorsque son regard rencontra l'une des séries de symboles, elle s'en raprocha en fronçant les sourcils, puis soudainement ses yeux s'écarquillèrent, et elle commença à courir en direction du socle, dégainant ses 9mm. Elle cria à Kev qui était resté planté sur place, incrédule :
- Dépêchez-vous, je crois bien qu'un grand danger nous guette!
Mais elle fut arrêtée à mi-chemin, trébuchant suite à un brusque tremblement du sol, suivi d'un deuxième, d'un troisième... Elle se releva non sans peine alors que les secousses s'intensifiaient, et comme elle l'avait redouté, une forme gigantesque surgit de l'ouverture au fond de la salle. Les trois têtes d'un dragon fou de rage précédèrent un corps massif, lui-même suivi d'une douzaine de queues en forme de serpents bien vivants, sifflant et se tortillant comme s'ils flottaient avec une brise qu'eux seuls ressentaient. Les trois gueules rugirent en même temps, tellement violemment que plusieurs rochers se détachèrent du plafond pour venir s'écraser au sol ou dans l'un des lacs... Ce qui donna une brillante idée à Lara! Habituée à de telles situations assez délicate, l'aventurière ne perdit nullement son sang froid. Kev, quant à lui, était déjà parti se réfugier dans le petit couloir d'où ils venaient, animé par sa seule terreur.
Esquivant de justesse un coup de mâchoires aux dents aiguisées, Lara roula sur le côté avant de dégainer ses 9mm avec vélocité et de viser... le plafond! Les coups retentirent les uns après les autres dans le vaste endroit, répendant son écho comme une vague de furie détonnante! Un rocher se fendilla peu à peu -BANG! BANG!- quelques parties du plafond s'émiettaient déjà -BANG!- Lara courait en gardant ses pistolets pointés en haut à gauche -BANG! BANG! BANG!- deux des têtes du dragon regardèrent avec étonnement vers le haut alors que la toisième, déterminée, décida de mener le pas et prendre son ennemie en chasse -Bang!- Cette fois, une plaque massive se détacha du plafond et vint s'abbattre sur les trois têtes, les brisant l'une après l'autre. Les craquements se succédèrent entre des rugissements furieux et des éboulements assourdissants. Après quelques longues secondes de ce brouhaha infernal, le calme s'installa... bercé par les sifflements des queues-serpents. Celles-ci se détachèrent soudain et rampèrent toutes en même temps vers Lara, qui n'avait pas quitté ses deux compagnons d'acier. Les balles surgirent de plus belle, tapissant le sol d'éclats lumineux entre lesquels les bestioles se faufilaient, tels des cheveux entre les dents d'un peigne. Un serpent fut atteint par un impact, puis un autre, et un troisième, se tortillant dans tous les sens avant de s'immobiliser complètement. Le quatrième arriva presque jusqu'à elle avant de subir le même sort. Quant au dernier, Lara frappa vivement de sa botte contre son crâne qui se brisa, le tout accompagné d'un sifflement aigu et marquant sa défaite.
Encore prudente, elle rangea ses 9mm dans ses holsters jeta un bref coup d'oeil au tunnel où Kev avait trouvé refuge. Celui-ci, encore ébloui par le spectacle mais en même temps traversé par un effroi total, lança avec un semblant de ton assuré, trahissant ses émotions :
- Et bien ma grande, vous savez vous y faire avec les grosses bêtes.
- J'en ai dompté de plus gros, se contenta de réponde Lara avec son sarcasme habituel.
Mais déjà son attention s'était portée sur le socle d'où émanait une lumière douce et apaisante. La lueur entourait en réalité un petit objet, pas plus grand que le poing, déposé avec grâce et légèreté sur des pieds d'argile. En s'approchant, la jeune aristocrate découvrit qu'il s'agissait d'une clé. Une pierre précieuse (sans doute une topaze) incrustée au coeur du manche, renvoyait des reflets jaunes d'une rare pureté.
Sans hésiter, Lara s'en empara avant de regarder Kev avec une certaine gravité.
- Je crois que Satilana se doutait de l'existence de cet objet, dit-elle d'un ton assuré.
- Comment aurait-elle pu? demanda Kev, incrédule.
- Je ne sais pas, mais ce que j'ai lu sur ces fresques ne m'a pas plu. Pas du tout. Je préfère ne pas vous en faire part afin de vous épargner des nuits d'insomnies, votre esprit tourmenté par la culpabilité. Mais nous allons occulter notre découverte à Caroline. Je sais qu'il y en a d'autres, et il faut à tout prix que je m'en empare également. Maintenant, faisons demi-tour et allons-nous en.
- Oh! attendez, l'interrompit Kev. Je viens de réaliser que je n'avais encore pris aucune photo. Maintenant que tous les dangers sont écartés, je vais pouvoir immortaliser tout cela pour mon boulot, si vous le voulez bien.
- Pas de problème, mais faites vite.
Kev s'accroupit et ouvrit sa mallette - sac à dos avec minutie. Tout à coup, il leva et pointa vers Lara un objet qui faisait depuis longtemps partie du quotidien de la jeune femme : un fusil à pompe. Il grinça des dents et ses sourcils se froncèrent alors qu'un sourire caustique se dessina sur son visage.
- Maintenant, fini de jouer ma jolie. La dame t'a demandé de faire ton job, alors je vais m'assurer à ce que tu le fasses jusqu'au bout!

- Et bien quoi poupée, tu ne croyais tout de même pas que ça allait se passer aussi facilement, n'est-ce pas? J'ai eu moi-même du mal à croire que tu aies pu gober ce stupide surnom : Kev Yook. Qui pourrait donc s'appeler ainsi sans en crever de honte? Ha ha! Allez, mains en l'air, et balance la clé à tonton Max.
Lara, bouche bée, leva lentement les mains, silencieuse. Puis un air espiègle vint se greffer à son visage. Kev -ou plutôt Max- en fut légèrement déstabilisé, mais vu ses brillants talents de comédien, il parvint sans trop d'efforts à masquer sa confusion. Il fit coulisser le canon sur le corps inférieur de son fusil à pompe, provoquant un cliquetis qui indiquait à son adversaire qu'il ne s'agissait nullement d'une plaisanterie. Celle-ci se mit cependant à parler sans gêne :
- Lac Long Quan.
- Qu'est-ce que c'est encore? ne put s'empêcher de demander Kev, dont la curiosité venait apparemment de triompher.
- Le Dieu Dragon du Lac Sacré, à l'origine de l'une des plus illustres légendes vietnamiennes. On dit qu'il est tombé amoureux d'une fée, et qu'ils ont eu ensemble 100 petits : 50 dragons, et 50 fées. Mais malheureusement pour eux, l'évidence de la situation les obligea à reconsidérer leur mode de vie : dragons et fées ne pouvaient cohabiter ensemble. Ils se séparèrent donc, emportant chacun leurs oeufs respectifs, qui donnèrent naissance aux ancêtres des grands chefs des tribus actuelles. Et savez-vous pourquoi ils se sont séparés?
- Non, pourquoi? Et dépêche-toi!
- Parce que la fée était mère de l'eau, et le dragon maître du feu. L'eau et le feu sont incompatibles, "Kev".
Sur ce, elle se jeta sur lui telle une panthère bondissant sur sa proie. Max pressa la détente, mais seul un faible cliquetis étouffé par l'eau s'échappa de l'arme. Lara lui balança un violent coup de pied retourné qui fit claquer sa machoire, et l'homme s'écrasa au sol sur le flanc, poussant un grognement plaintif. Puis il s'écroula totalement et ne bougea plus.
- Vous auriez dû mieux surveiller votre sac. Même moi, j'avais remarqué la fuite.
Elle brandit la clé, qu'elle n'avait pas lachée depuis le début, et la porta à hauteur de son regard. De minuscules inscriptions cunéiformes ornaient la matière solide, mi-roche mi-métal, dans laquelle était incrustée la topaze. Lara connaissait ces inscriptions, et même trop bien. Elles étaient également gravées dans sa mémoire, et le souvenir qu'elles firent ressurgir ne lui plaisait guère.
Ils gardaient simplement leur Dieu, pensa-t-elle avec un léger remords. Ils connaissaient son existence. S'ils apprenaient ce qui s'est passé... Heureusement, il ne s'agit que d'une légende et leur peuple ne descend pas de ce dragon inexplicablement idolâtré. Qu'il repose en paix.
- Lara? C'est bien toi?
Lady Croft pivota brusquement sur elle-même, les yeux écarquillés. Cette voix, qui lui était si familière, venait du couloir qu'elle-même avait emprunté pour arriver jusqu'à cette salle. Ses soupçons furent confirmés lorsque la jeune fille à laquelle elle pensait arriva, à bout de souffle. En la voyant, Lara ne put s'empêcher de sauter de joie et courut dans sa direction.
- Anaya! s'écria-t-elle. Mais bon sang, que fais-tu donc ici? Tu sais quels risques tu cours?
- Ne t'en fais pas, Lara. J'ai un bon guide. Je te présente Aang Mae.
La petite vietnamienne derrière Anaya se montra discrètement, les yeux baissés et un sourire timide aux lèvres. Elle ne devait pas avoir plus de 22 ans, et sa corpulence minuscule et non moins frêle lui donnait l'air très fragile, comme si un simple coup de vent pouvait la balayer à des kilomètres. Elle salua Lara avec une formule minutieusement calculée, dans un Anglais respectable :
- Enchantée, Lady Lara.
- De même. Vous arrivez après la fête.
- C'est bon, tu n'as rien? demanda Anaya avec inquiétude, les yeux rivés sur le mystérieux Max.
- Non, mais je connais un traître qui va devoir miser sur l'aspirine pour supporter ses 20 prochaines heures.
Anaya sourit avec bienveillance :
- Je savais que tu t'en sortirais. J'ai appelé Winston qui se faisait un sang d'encre. Il sera content de savoir que tu es saine et sauve. Tiens, voilà ton portable. Maintenant, ne traînons pas ; le secteur est bien gardé, et je crains que sous le coup de l'inquiétude, quelques mercenaires pointent leur nez d'une minute à l'autre.
Lara se tenait droite et imposante, de façon à couvrir la vue du dragon à Aang Mae. Anaya ne fit aucun commentaire, sachant très bien que Lara ne parlerait que de ce qui devrait être évoqué, et de rien d'autre. Ils auront déjà toute l'équipe de Satilana sur le dos, il ne faudrait en aucun cas se farcir la haine des villageois enragés par dessus tout.
- Allons-nous en, alors, ma chère Anaya! Je suis si contente de te revoir!
- Ne t'en fais pas, Lara, nous aurons tout le temps de parler dans l'avion.
Les trois jeunes femmes rebroussèrent chemin avec hâte, laissant derrière elles le prétendu Kev Yook, et le légendaire dragon Lac Long Quan.

Caroline marchait avec frénésie, décrivant des cercles aléatoires au pied de sa hutte. Elle était furieuse d'avoir perdu une partie si importante de son équipe dans ce bain de sang, et elle sentait qu'elle ne pourrait pas supporter plus longtemps l'absence suspecte de Croft et cet abruti de Redger. Cette attaque imprévue l'avait mise hors d'elle, et elle sentait qu'un autre événement malchanceux la rendrait complètement folle. Elle demanda à l'un des hommes armés depuis combien de temps ces deux crétins étaient partis jouer les explorateurs. Il lui répondit presque deux heures. Le groupe de mercenaires avait feint de battre en retraite, et lorsque la menace fut écartée depuis un bon moment, ils reprirent leurs postes de vigiles. Caroline espérait que Croft n'avait pas profité de ce laps de temps relativement bref pour filer à l'Anglaise. Ce jeu de mot dérisoire la fit sourire, et elle dut se contenir pour ne pas éclater de rire et réellement passer pour une fêlée auprès de l'équipe décimée.
Et s'il leur était arrivé quelque chose? Qui enverrait-elle à leur place? Non, une telle possibilité était impensable, elle avait engagé la meilleure des archéologues, et elle ne pouvait pas avoir échoué.
Un de ses hommes arriva en courant. A court de souffle, il lui cria :
- Les voilà, m'dame Satilana. La porte est en train de s'ouvrir.
- Très bien, je vous remercie, répondit sèchement Caroline. Allons donc les accueillir comme il se doit...

Lara avait prié pour que la porte fût ouvrable de l'intérieur, mais vu qu'Anaya et Aang Mae avaient réussi à rentrer juste après la fusillade, elle se doutait que l'ancien système de sécurité n'avait pas encore été réactivé. Elle exerça une pression maintenue, et le portail commença à trembler. Alors qu'un fin rai de lumière déchirait progressivement l'obscurité, l'aventurière porta une main à sa ceinture et en extirpa un objet métallique de la taille du poing.
- Reculez, les filles, murmura-t-elle malicieusement.
Lorsque l'ouverture avait atteint une quarantaine de centimètres, elle dégoupilla et jeta rapidement une grenade fumigène qui ne tarda pas à faire son effet.
- Allons-y, dépêchez vous!
Les gardes, pris au dépourvu, tentèrent d'abord de localiser leur cible, mais leurs lunettes furent très vite embuées et il leur fut impossible d'y voir quoi que ce soit. L'un ou l'autre tira dans le vide, et un hurlement retentit :
- AÏE, ATTENTION, PAUVRE IMBÉCILE! TU M'AS TIRÉ DANS LA JAMBE!
Des jurons s'élevèrent d'un peu partout, alors que trois fines silhouettes déguerpirent en direction de la jungle dense. Un hommes les repéra et commença à tirer dans la verdure, aussitôt imité par un deuxième. Mais en vain. Elles avaient disparu.

Caroline arriva précipitemment sur le chantier, exaspérée. Cette bande d'incompétents les avaient laisser filer. Son teint devint rouge et elle senti la chaleur lui monter au visage. Folle de rage, elle hurla à son personnel :
- QU'ATTENDEZ-VOUS, BANDE D'ARRIÉRÉS? RATTRAPPEZ-LES!
Une vingtaine de mercenaires s'élancèrent dans la jungle, courant à en perdre haleine, se faufilant entre les troncs et les lianes.

La Jeep d'Anaya était garée à une centaine de mètres du site, et elles ne tarderaient pas à la voir se dessiner entre les arbres. Lara s'arrêta brusquement et regarda derrière elle. Elles perdaient du terrain.
- Allez déjà jusqu'à la Jeep, leur cria-t-elle. Si je ne vous rejoins pas et qu'ils arrivent, foncez!
- Non, Lara!
- Ne t'en fais pas pour moi Anaya, courez!
Alors que ses deux amies reprirent leur course, Lady Croft s'empressa de monter dans un arbre avec une habileté déconcertante. Elle remonta une liane qu'elle attacha solidement à sa ceinture et dégaina ses 9mm qui, eux, avaient eu le temps de sécher totalement. Lorsque les hommes armés étaient suffisamment proches, elle exécuta l'un de ses splendides sauts de l'ange entre les branches et, tout en tirant, accrochée à la liane, décrivit un léger arc de cercle, criblant le sol de balles, au plus grand étonnement de ses victimes. La liane la faisait descendre de plus en plus, cédant sous son poids. Arrivée à 2m du sol, notre héroïne tendit les pieds vers l'avant, décrochant un coup percutant dans la poitrine d'un de ses adversaires. Puis la liane s'enroula autour d'un arbre, et Lara agrippa par les jambes un autre homme, qu'elle déstabilisa avant que la crosse de son pistolet ne s'abatte sur son front. Sa corde improvisée fut coupée par l'écorce et la jeune anglaise attérit sans peine sur ses deux pieds. Evitant les balles, elle descendit encore deux ou trois hommes avant de sprinter aussi vite qu'elle put vers la Jeep, qui était toujours là. D'un bond gracieux, elle monta dans la voiture qui était déjà en train de démarrer, les pneus crissant sur le sentier rocailleux, élevant un imposant nuage de poussière derrière elle. Lara continuait de tirer, tournée vers l'arrière. Un autre bruit de moteur se fit entendre et un 4x4 bondit hors de la flore, écartant brutalement les arbres les plus menus au travers desquels elle avait réussi à se frayer un chemin. Quatre hommes étaient à bord et tiraient déjà dans sa direction. Lara lança son grappin, qui s'accrocha à une brance en l'air, et tira de toute ses forces. La branche céda, dénouant une liane qui se mit à pendre en plein milieu du chemin. Celle-ci attrappa deux des mercenaires au passage du gros 4x4, qui furent pris à la gorge ou à la poitrine avant de s'écraser lourdement au sol. Le troisième mercenaire fut touché par quelques balles de 9mm, puis l'une d'elles toucha le pneu avant gauche, déstabilisant le véhicule qui fit plusieurs tonneaux dans la forêt avant d'exploser dans un tourbillon de flames et de fumée sombre.
Aang Mae avait suivi la scène avec de grands yeux, complètement paniquée. Lorsque plus aucun danger ne semblait se pointer derrière la Jeep, Anaya posa sa main sur le bras de la petite Vietnamienne.
- Ne t'en fais pas, dit-elle. On a réussi, et on va te ramener chez toi saine et sauve.
- Merci, Madame Anaya. Tôi khoẻ! Merci, Lady Lara.
- Không dám, répondit Lara avec douceur.

Après avoir raccompagné Aang Mae chez elle, les deux amies roulèrent en direction de l'aéroport. Une fois à proximité de Hanoi et qu'un peu de réseau local fût capté, Lara sortit son portable et appela Winston.
- Allô? répondit le vieil homme, dont la voix trahissait une certaine tension.
- Winston, c'est Lara.
- Oh, ma petite... je veux dire : Lady Croft! Quel soulagement de vous savoir vivante!
On ne pouvait se tromper sur la sincérité de cette phrase.
- Et vous, Winston, vous allez bien?
- Moi oui, mais on ne peut pas en dire autant du manoir, mademoiselle.
- Je m'en doute. J'engagerai quelques femmes de ménage pour vous venir en renfort. Ainsi que... quelques réparateurs... Alors, dites-moi, ils n'ont vraiment volé que...?
Lara n'eut pas besoin de terminer sa phrase.
- Oui, Lady Croft. J'en suis sincèrement navré.
- Et juste ça? Sous mon lit, la trappe...?
- J'en suis presque sûr.
- Tout cela a un lien...
- Comment cela?
- Je vous expliquerai tout cela une fois rentrée. Je vais devoir vous laisser, mon cher Winston. Allez donc vous reposer, vous devez en avoir bien besoin.
- Merci d'avoir appelé, Lady Croft. Bon retour.

A la fin de la journée, Lara et Anaya se trouvaient dans l'Airbus A321 à destination de Londres et discutaient calmement, savourant leurs retrouvailles ainsi que le coucher de soleil envoyant des teintes roses et violettes au dessus d'un océan moelleux de nuages. Puis vint le moment inévitable où elles furent amenées à parler de cette étrange supercherie dont Lara fut la marionnette principale, quelques heures auparavant.
- Lara... commença prudemment Anaya. J'ai effectué quelques recherches après que tu m'aies appelée, hier. La compagnie de Satilana... elle est louche.
- Je m'en doute, répondit son amie d'un ton sérieux. J'ai rarement vu des scientifiques armés jusqu'aux dents, du moins pas ailleurs que dans les films de série B. Ce qu'elle cherchait, Anaya... Je crains de savoir à quoi cela va nous mener et je n'aime pas ça du tout.
- Je sais, Lara. Je vois tout à fait de quoi tu veux parler. Et si ça peut confirmer tes soupçons, sache que l'entreprise de Satilana a longtemps coopéré avec Natla Technologies. C'est ce qui m'a fait venir aussi vite, surtout après avoir appris que ton manoir avait été cambriolé.
- J'en étais sûre! Caroline...
- Dis-moi, qu'est-ce qu'ils cherchaient? S'ils ont tout saccagé sans rien voler, que voulaient-ils donc?
- Ça, Anaya, je ne peux pas te le dire. J'ai confiance en toi et en notre amitié, mais il y a des secrets qu'il nous faut garder. Même si cela peut nous coûter très cher.

A suivre...

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